Élection présidentielle 2022

Exercice collectif, démédicalisation, attractivité des territoires… Les propositions de ReAGJIR contre la désertification

Par
Publié le 30/11/2021

À quelques mois de l’élection présidentielle, le syndicat représentatif des généralistes remplaçants, jeunes installés et universitaires formule quatre grandes idées pour lutter contre la désertification médicale.

Crédit photo : GARO/PHANIE

« Les déserts médicaux sont partout sur le territoire. Aucune zone n'est suffisamment dotée et le problème ne va pas s'arranger tout de suite. De nombreux médecins vont partir à la retraite et les nouveaux ne sont pas assez nombreux pour équilibrer la balance. » Le constat que partage dans un communiqué ce mardi 30 novembre le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) est sans appel.

Le Dr Agathe Lechevalier, présidente du syndicat, sonne l'alarme. « Il faut agir, et vite ! La première fausse bonne idée est que chaque village veuille son médecin généraliste. Il n'y en aura pas assez et la jeune génération ne souhaite pas s'installer seule. »

Pour l'omnipraticienne, il faut une nouvelle échelle de prise en charge des patients, comme les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). « Aujourd'hui il faut penser collectif : c'est un ensemble de professionnels de santé qui prend en charge un ensemble de patients sur un territoire donné. Pour une meilleure prise en charge, une permanence des soins et une installation durable dans le temps. »

Démédicaliser le quotidien

Pour le Dr Lechevalier, trop de patients consultent leur médecin au moindre souci. « Il faudrait apprendre aux personnes quels réflexes adopter en cas de pathologies bénignes et si une consultation est nécessaire ou non. » Cette dernière prend l’exemple du rhume : « à part se moucher, s'hydrater et se reposer autant que possible, il n'y a rien de particulier à prescrire. ».

Le syndicat plaide également contre les certificats « inutiles », demandés par « de trop nombreux organismes » sans réelles « justifications légales ».

Plus de travail pluriprofessionnel

Face à la pénurie de médecins, le syndicat de jeunes médecins appelle à valoriser les compétences des autres professions de santé, telles que les pharmaciens, les sages-femmes, les infirmiers en pratique avancée (IPA) ou encore les kinésithérapeutes. « Nous travaillons quotidiennement et efficacement avec ces professionnels de santé qui ont des compétences complémentaires aux nôtres. Dans les années à venir, il nous semble essentiel de nous coordonner avec eux autour des patients pour leur assurer la meilleure prise en charge possible », explique le Dr Lechevalier.

« Il y a largement assez de travail pour tout le monde et une collaboration efficace entre tous permettrait d'optimiser le temps de soin au service des patients. Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2022, une expérimentation d'accès direct à certaines professions de santé va d'ailleurs dans ce sens. Nous sommes très enthousiastes à cette idée, et impatients d'en voir les résultats », ajoute la praticienne.

Une prise en compte du profil du jeune médecin

Au sujet de l’obligation d’installation des jeunes médecins, « ce n’est pas une solution envisageable » pour le syndicat, qui y voit « le meilleur moyen de les dégoûter de l’exercice libéral, voire de leur métier. » ReAGJIR détaille le profil d’un praticien en fin d’internat : « généralement entre 28 et 30 ans, sort de longues études, vit souvent en couple, parfois avec un enfant, et désire s’installer sur un territoire qu’il ou elle choisit et qui permettra au reste de sa famille de s’épanouir. »

Puisqu’un médecin « s’installe dans un territoire qu’il connaît déjà, via l’externat, l’internat ou le remplacement », la meilleure solution pour le syndicat serait d’arriver à « attirer les jeunes dans les territoires et de le faire avant même qu'ils commencent leurs études de médecine ». Puis, dans un second temps, les accompagner « pour les former » ou leur « présenter les interlocuteurs clés pour mener à bien une future installation, de faciliter l'exercice mixte (cabinet en ville et permanence en PMI par exemple). »

Pour le Dr Lechevalier, « il faut cesser la surenchère financière et d'avantages que l'on voit parfois ». Car « quand on accueille un étudiant ou candidat à l'installation, ce qui va l'intéresser c'est avant tout le réseau de professionnels de santé, les conditions de travail, la possibilité de trouver un emploi pour le conjoint, les services de proximité (hôpitaux, crèches, écoles, commerces, etc.) ».


Source : lequotidiendumedecin.fr