Il est le fils dont les pères de la “spécialité médecine générale” ont rêvé. Talentueux, bienveillant et engagé, le Pr Olivier Saint-Lary, est à 38 ans un généraliste pratiquant, un universitaire investi et un chercheur chevronné. Vice-président du CNGE, il préside aussi son comité scientifique. Ce n'est donc pas un hasard s’il devient après son Saspas le collaborateur du Pr Pierre-Louis Druais à Port-Marly, où il exerce toujours.
La médecine générale fut pour ce fils d’enseignants une évidence. « Quand je me suis inscrit en P1, c’était pour devenir généraliste », confie-t-il. Olivier Saint-Lary s’inscrit au CHU de la Pitié-Salpêtrière. Il découvre le peu de crédit accordé par les patrons hospitaliers à la médecine générale. À la veille du choix de son premier stage d’externe, le doyen de l’époque, le Pr Gérard Saillant, orthopédiste de renom, fait la moue quand le jeune Olivier, alors président du bureau de l’amicale des étudiants, annonce qu’il veut devenir généraliste. Il lui conseille de choisir un stage de médecine interne : « C’est comme la médecine générale mais en mieux, tu verras. » Le jeune étudiant est têtu, il comprend vite que le compte n’y est pas. « On parlait de lupus, d’adaptation de doses de corticoïdes, de traitements des maladies assez rares... » Ses stages d’externe confortent son impression : « J’étais las des spécialités d’organes, déçu des visites hospitalières où les décisions sont prises dans le couloir, et où le malade est informé des choix qu’on a faits sans le concerter. »
Rattrapé in extremis
Il s’en faut de peu pour qu’Olivier Saint-Lary cède aux pressions de se tourner vers une spécialité “plus noble”. Le Dr Antoine Barres, père de son plus vieil ami, le rattrape in extremis. « Il m’a proposé découvrir la pratique d’un médecin généraliste. Du coup, pendant un mois, le matin j’étais en chirurgie, et l’après-midi à son cabinet au lieu de réviser l’internat. J’ai découvert la médecine que je voulais pratiquer. » Une fois la spécialité de médecine générale choisie, les choses s’accélèrent. Il change de faculté entre le 2e et le 3e cycle à la faveur d’un déménagement. « à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, je me suis retrouvé par chance dans un département de médecine générale dynamique et bienveillant. » Il postule pour devenir chef de clinique et obtient le premier poste créé par l’université en 2008. « Ce fut extrêmement stimulant de bâtir le contenu de ces nouvelles fonctions », commente-t-il. « J’ai fait de la recherche par passion, avec la conviction que si elle ne montre pas ce qu’elle fait, la médecine générale ne peut pas être choisie aux ECN. » Il fait une thèse de science en parallèle de son clinicat dans une unité Inserm. Il fonde avec les Drs Catherine Laporte, Matthieu Schuers, Paul Frappé et d’autres un master de recherche orienté sur les soins primaires. « La compréhension de l’organisation des soins, surtout en ambulatoire, est essentielle pour évaluer la qualité des pratiques en aval. » Cet homme au regard bleu bienveillant, à la voix douce et au grand sourire ne cède rien à la facilité. Il a ferraillé contre le remboursement de l’homéopathie, prône une 4e année professionnalisante pour les internes de médecine générale et souhaite que les internes soient autorisés à remplacer seulement à fin de leur cursus après leur Saspas. « Nous sommes à la croisée des chemins. La médecine générale doit se mettre en capacité de résoudre 80 % des situations auxquelles elle est confrontée. » Sans conteste, la relève est assurée.
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