L’étudiant de Tours condamné pour agression sexuelle en stage au CHU de Toulouse ? Les syndicats font barrage !

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Publié le 11/10/2024

À l’occasion d’un CSE organisé jeudi au CHU de Toulouse, des syndicats ont présenté une résolution demandant à la direction de bloquer l’entrée prochaine en stage d’un interne condamné pour agression sexuelle. L’étudiant, passé par les facultés de Tours et de Limoges, avait été condamné en mars 2024 à cinq ans de prison avec sursis probatoire.

Session de collage à l’hôpital Purpan (Toulouse)

Session de collage à l’hôpital Purpan (Toulouse)
Crédit photo : DR

L’étudiant en médecine de Tours, condamné en mars dernier à cinq ans de prison avec sursis probatoire pour des faits d’agression sexuelle, pourrait bientôt débuter un stage au CHU de Purpan (Toulouse, Haute-Garonne). Selon des informations de France 3, l’interne devrait être affecté au service de radiologie au sein de l’établissement hospitalier, dès le 4 novembre. Une nouvelle qui a provoqué un tollé des syndicats. « Nous demandons que la direction du CHU de Toulouse s’engage contre l’impunité et refuse d’accueillir N. W. », lit-on dans une résolution présentée jeudi matin en CSE par les syndicats (CFDT, FO, Unsa, Sud, CGT, NT31), qui ont appelé la direction à prendre une position claire.

Risque inacceptable pour les patientes

Les syndicats mobilisés mettent en avant la menace que représente cet interne pour les patientes et le personnel hospitalier. « La radiologie implique des gestes invasifs qui touchent à l’intimité des femmes enceintes. Comment peut-on imaginer un seul instant laisser des patientes entre les mains de cet homme ? », s’indigne Isabelle Prono, représentante syndicale Sud et membre du CSE. « Nous pensons en premier lieu à la sécurité de nos patientes, plusieurs de nos collègues ont déjà exprimé avec force qu’elles refuseraient de travailler avec lui », expose-t-elle.

Selon le communiqué intersyndical, « certain.e.s agent.e.s ont déjà fait part de leur volonté d’exercer leur droit de retrait ». Pour protéger les agents concernés, l’intersyndicale demande formellement la direction de s’engager à ne pas les sanctionner.

La gestion du CHU critiquée

Interrogée sur la réaction de la direction, Isabelle Prono se montre sévère. « La direction temporise, elle ne sait pas comment s’y prendre. Mais nous attendons simplement qu’elle prenne une décision politique forte ! » Dans le même temps, la représentante syndicale dénonce le « manque d’action » de l’Ordre des médecins et de la Conférence des doyens, qui prônent pourtant « la tolérance zéro contre les violences sexistes et sexuelles, mais n’agissent pas en conséquence ». Selon elle, si le doyen de l’Université de Tours avait pris des mesures à temps, « ce prédateur aurait été arrêté bien plus tôt ».

L’étudiant, inscrit depuis au fichier des délinquants sexuels, avait été condamné en mars 2024 à cinq ans de prison avec sursis probatoire pour des agressions sexuelles sur deux de ses camarades entre 2017 et 2020 alors qu’il était étudiant à la faculté de Tours. Quelque temps après les faits, en 2021, il avait pu poursuivre ses études à la faculté de Limoges. À l’époque, aucune sanction disciplinaire n’avait été prise à son encontre. Au moment de sa condamnation, il avait toutefois été suspendu à titre conservatoire par la faculté de Limoges avant d’être réintégré.

Une alerte pour danger grave et imminent bientôt déposée ?

Plusieurs associations féministes toulousaines, comme Nous toutes 31 et la Marche Mondiale des Femmes Occitanie, ont apporté leur soutien à cette mobilisation. Des collages ont été organisés pour recouvrir les murs du CHU de Purpan et dénoncer l’accueil de l’interne condamné.

Un dépôt de procédure d’alerte pour « danger grave et imminent » (DGI), devrait être déposé le 4 novembre par tous les syndicats, jour de l’arrivée potentielle des internes, ce qui permettra aux salariés de faire valoir leur droit de retrait.

De leur côté, l’université Toulouse III- Paul Sabatier et le CHU de Toulouse ont indiqué dans un communiqué partager « l’émotion que cette affectation suscite » et assuré qu’elles seraient « attentives à encadrer avec vigilance le déroulement des étapes de cet interne » conformément à leurs « engagements très forts » contre les violences sexistes et sexuelles. Les deux institutions ont toutefois précisé qu’il n’existait pour l’instant pas « d’obstacle légal » à l’inscription de l’étudiant à l’université en raison du fait qu’il n’a, à ce jour, « pas fait l’objet d’une sanction disciplinaire ». « Des mesures d'adaptation du cadre d'exercice professionnel, d'ajustement de sa formation et d'accompagnement par le service de santé au travail sont en cours d'organisation », ont-ils précisé.

À noter qu’une procédure disciplinaire contre l'étudiant a été ouverte par l'université de Tours, à la demande du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Elle est toujours en cours.

A.F. (avec AFP.)

Source : lequotidiendumedecin.fr