Installé à Millery (Rhône), le Dr Thomas Pipard, jeune généraliste et maître de stage universitaire (MSU), témoigne de son expérience d’ex-remplaçant… et d’actuel remplacé. Pour lui, le Saspas semble une étape quasi-indispensable pour exercer en toute sécurité.
En tant qu’ancien remplaçant et actuel médecin installé, que pensez-vous de la possibilité de décaler l’obtention de la licence de remplacement après la validation du Saspas ?
Dr Thomas Pipard : Les internes et les enseignants se sont battus pour que le Saspas devienne obligatoire dans la maquette de l’internat de médecine générale, estimant que ce stage était essentiel pour être compétent. Il me semble donc cohérent de conditionner la licence de remplacement à la validation de ce stage.
Des internes remplacent pourtant au bout de trois semestres depuis des années…
Dr T. P. : Oui, et ces internes n’ont fait qu’un seul stage chez le praticien. Il y a pour eux un avantage financier, mais à quel prix ? Je pense d’abord à la sécurité du patient, mais aussi à la sérénité du remplaçant, qui peut sur beaucoup de consultations se sentir en difficulté et avoir à demander la supervision de ses collègues.
Avez-vous vous-même remplacé durant votre internat ?
Dr T. P. : Oui, mais après mon Saspas. Il m’aurait semblé impensable de le faire avant, car ce stage met les internes dans des conditions royales avant qu’ils soient exposés à la réalité des situations cliniques. En tant que MSU, j’accueille des internes en stage de niveau 1 et en Saspas, et je sais qu’ils ont besoin de conditions sereines pour gérer les patients, avec des consultations de 30 minutes au lieu de 15, tout ce qu’il faut du point de vue pédagogique…
Le remplacement n’est-il pas aussi une manière pour les internes de construire leur expérience professionnelle ?
Dr T. P. : Dans mon cas, le remplacement ne m’a pas apporté grand-chose du point de vue pédagogique. Le lieu pour apprendre n’est pas le remplacement mais le terrain de stage. Et le Saspas est en ce sens extrêmement utile. La preuve, c’est que ma dernière étudiante en Saspas est devenue la remplaçante régulière du cabinet à l’issue de son stage (voir témoignage d’Olivia Icard).
Si le système des licences reste en l’état, prendriez-vous un remplaçant qui n’a pas effectué son Saspas ?
Dr T. P. : Je ne poserais pas la question en ces termes. Je dis qu’il serait bon que les autorités rendent ce stage obligatoire pour avoir la licence. Mais si elles choisissaient le statu quo, je m’inclinerais. Je ne choisirais pas sur ce critère, mais je ferais en sorte de prendre des internes qui sont déjà passés par le cabinet en stage.
Le remplacement n’est-il pas un bon moyen pour les internes d’améliorer une rémunération jugée bien maigre ?
Dr T. P. : La problématique financière revient souvent quand on discute avec les internes. On peut légitimement se demander s’ils sont bien rémunérés pour leur niveau de formation. Mais la licence de remplacement est un problème différent : on ne peut pas faire peser sur la formation des enjeux de nature avant tout économique.
Que répondez-vous à ceux qui disent que le remplacement par les internes est une réponse à la démographie médicale déclinante ?
Dr T. P. : Mon sentiment est que les remplaçants qui peuvent aider face à la baisse de la démographie médicale sont plutôt ceux qui remplacent après l’internat. Les internes font cela surtout pour avoir un complément de rémunération, sur des gardes, le samedi matin, et le nombre de jours effectués n’est probablement pas à la hauteur du problème des déserts médicaux.
« Le Saspas met les internes dans des conditions royales »
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