Un des objectifs du plan d’action ALCOVE de la Commission européenne est le développement du diagnostic précoce dans la maladie d'Alzeihmer. Cela fait également partie des recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de santé (HAS), de décembre 2011.
Mais une question se pose pour les médecins généralistes : faut-il diagnostiquer quand on ne sait pas traiter ? Une étude qualitative a été réalisée à partir d’entretiens auprès de 11 médecins généralistes. Les résultats ont montré une discordance entre les recommandations de la HAS et la réalité sur le terrain. En pratique, il existe pour les médecins généralistes de nombreuses difficultés morales, éthiques et psychologiques, à évoquer, puis annoncer, le diagnostic de maladie d’Alzheimer. Les principales raisons évoquées sont les suivantes : la pauvreté des signes à un stade débutant de la maladie, l’impact de l’affect dans la relation médecin-patient et la nécessité de solliciter l’entourage. Mais surtout, le peu de certitudes quant au bénéfice, pour le patient, de ce diagnostic précoce est un frein supplémentaire. Le médecin généraliste ressent un sentiment d’impuissance face à l’évolution de la maladie car il n’existe pas de traitement efficace. Comment annoncer à des personnes présentant de légers troubles de mémoire (mais encore bien conscientes) qu’elles commencent peut-être une maladie d’Alzheimer, et ce sans leur proposer des médicaments efficaces ?
En conséquence, très peu de médecins généralistes utilisent le test MMSE. « Pas toujours facile de le faire, car le patient peut être au courant des questions de ce test… Il faut mieux l’interroger au hasard de la consultation », soulignent des médecins généralistes interrogés. Ensuite, en cas de troubles de la mémoire, la HAS recommande de compléter le bilan clinique par des examens biologiques et par une IRM ou un scanner cérébral. Une tâche quasi-impossible sans évoquer le diagnostic tant pour le généraliste que pour les proches du malade.
L’intérêt d’un diagnostic précoce est toutefois bien perçu. Il permet une meilleure prise en charge des patients en améliorant leur qualité de vie ainsi que celle des aidants. Il peut également favoriser le maintien à domicile le plus longtemps possible. « Le problème n’est pas celui du diagnostic précoce, c’est celui de l’annonce précoce, qui peut être délétère à cause de l’évolution défavorable de la maladie… », ont déclaré les médecins généralistes qui pensent que c’est au spécialiste de l’annoncer.
D’après la communication de la Dr Frédérique Cretegny (Strasbourg)
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