Les cliniques dans une mauvaise passe

La FHP en proie à des dissensions internes

Publié le 20/10/2011
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UN SYNDICAT DE SPÉCIALITÉ, la FHP-MCO, qui agit en solo auprès de Bruxelles sur le sujet de la convergence tarifaire, un délégué général sur le départ, de grands groupes nationaux comme Générale de Santé ou Capio qui s’estiment mal représentés… La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) connaît des remous internes.

Son président, reconduit en juin pour trois années (il était seul candidat), ne s’en cache pas. Jean-Loup Durousset met cette ambiance délétère sur le compte de la pression économique et de la complexification du métier. « Pendant longtemps, explique-t-il, on s’est préoccupé des comptes d’exploitation. Aujourd’hui, il faut gérer sa dette, valoriser ses actifs, faire de l’analyse bilantielle ». La Fédération réunit des expériences et des parcours différents, poursuit le président, qui ne s’étonne pas que la FHP soit traversée par différents courants : « La place des groupes et des régions au sein de la FHP, la façon dont celle-ci prend ses décisions, sont de saines questions qu’il ne faut éluder ».

L’ambiance à la FHP est mauvaise. Épouvantable, affirme l’un des piliers du siège, situé dans le chic 8ème arrondissement de Paris. Un médecin, habitué des lieux, dresse le constat suivant. « Le président de la FHP a été un bon candidat en proposant de recentrer son action sur la communication pour améliorer l’image des cliniques. Mais il déçoit en tant que président, en jouant parfois électron libre, et en se montrant peu à l’écoute des grands groupes et des syndicats de spécialités (MCO, psychiatrie, SSR) ».

Droit de parole.

Ces syndicats de spécialité, nés de la dernière réforme statutaire de la FHP, fonctionnent bien. Le plus important par le nombre d’adhérents et de cotisations (1,8 million d’euros par an), la FHP-MCO, fait de l’ombre à la FHP. Son président, en campagne pour sa réélection, se défend de faire cavalier seul. « Jean-Loup Durousset et moi parlons d’une même voix, il n’y a pas de discordance », déclare Lamine Gharbi.

La FHP-MCO n’en revendique pas moins un « droit de parole » dont elle a fait usage en portant plainte auprès de Bruxelles contre l’État français qui tarde à appliquer la convergence des tarifs entre hôpitaux et cliniques. « C’était un sujet de branche », se justifie Lamine Gharbi. Qui joue la carte du service de proximité, en garantissant une réponse sous 48 heures aux questions des 600 cliniques MCO adhérentes.

« La FHP devrait revenir à ce syndicalisme de base », commente le médecin déjà cité.

Le délégué général de la FHP, Philippe Burnel, quitte la fédération mi-novembre. Un remplacement stratégique, à six mois de l’élection présidentielle. Certains membres de la FHP rêvent d’un ancien ministre avec la stature d’un Claude Evin. Jean-Loup Durousset, le président, ne veut pas d’un politique. Il hésite entre trois profils : un fonctionnaire, un syndicaliste ou un professionnel de santé. Le casting est en cours. Face à la période de transition qui s’ouvre, le président de la FHP se montre confiant. Plein d’enthousiasme, dit-il. « La constitution d’une nouvelle équipe est une opportunité face à l’ampleur des enjeux (tarifs, équité de traitement public-privé, ressources humaines…). Demain, on ne fonctionnera plus comme aujourd’hui ». Et de citer un exemple emblématique, loin de faire consensus : « Il faut que la FHP change de locaux pour donner une image moderne des cliniques d’aujourd’hui ».

(1) La FHP-MCO réunit ses adhérents en congrès ce jeudi 20 octobre au CNIT. La FHP organise ses journées nationales le lendemain (21 octobre) au CNIT. Une tribune sera ouverte à Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy.

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9029