L’autopsie virtuelle

Une nouvelle discipline

Publié le 19/11/2015
Article réservé aux abonnés

La radiographie est utilisée depuis longtemps en médecine légale, alors que l’imagerie en coupe (échographie, scanner et IRM) est beaucoup plus récente en thanatologie.

Ce sont deux outils complémentaires de l’autopsie, au même titre que d’autres examens (biologie moléculaire, toxicologie…). « Le scanner sans injection permet d’identifier environ 15 % des lésions qui ne sont pas observées à l’autopsie. À l’inverse, la moitié des lésions authentifiées à l’autopsie ne sont pas vues au scanner, a expliqué le Dr Fabrice Dédouit (CHU Toulouse, Rangueil). Ce sont donc des approches complémentaires ».

Le scanner est particulièrement intéressant pour les fractures osseuses. Il permet d’avoir une vue complète du squelette, et tout particulièrement du rachis cervical haut, difficile d’accès à l’autopsie, tout comme le massif facial. Le scanner met également en évidence les épanchements gazeux qui ne sont pas vus à l’autopsie : pneumothorax, pneumopéritoine, pneumopéricarde, etc., mais aussi des embolies gazeuses.

L’IRM, quant à elle, permet d’avoir un très bon contraste spontané intertissulaire (sans injection de produit) et donc, une très bonne visualisation des organes, comme le foie, la rate ou les reins, et bien sûr le cerveau. C’est l’examen de choix pour l’étude du cerveau chez le fœtus, car il subit une destruction rapide rendant l’examen autopsique difficile.

Produit de contraste

L’injection de produit de contraste améliore encore les performances de l’imagerie, mais cette technique est très récente en thanatologie car il fallait mettre au point un produit adapté et un matériel d’injection spécifique.

Le scanner avec injection de produit de contraste par cathétérisme ombilical a ainsi été développé. La première angioscanographie post-mortem complète d’un fœtus décédé in utero à 37 semaines d’aménorrhée a été réalisée à Marseille par l’équipe du Pr Guillaume Gorincour. Cet examen a permis de montrer que le décès était sans doute dû à la thrombose d’un anévrysme causé par une malformation du canal artériel.

« L’IRM post-mortem devrait se développer en fœtopathologie qui vise notamment à déterminer les causes de décès de fœtus in utero et de fausses couches spontanées », a souligné le Pr Guillaume Gorincour (La Timone, Marseille).

Cet audit post-mortem permet d’affiner le diagnostic afin d’évaluer le risque de récidive et d’améliorer le conseil génétique aux parents pour d’éventuelles grossesses ultérieures. Aujourd’hui, la TDM et l’IRM post-mortem sont des pratiques courantes dans de nombreux pays pour les patients adultes, mais aussi en pédiatrie. En France, l’accessibilité des machines et l’absence de valorisation technique des actes constituent une limite au développement de cette technique.

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9451