Liraglutide, agoniste injectable du GLP-1.

Pas de bénéfice dans l’insuffisance cardiaque

Publié le 03/12/2015
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Le traitement n'a pas eu d'effet sur l'incidence  des décès et des hospitalisations

Le traitement n'a pas eu d'effet sur l'incidence des décès et des hospitalisations
Crédit photo : PHANIE

L’évaluation du liraglutide dans l’insuffisance cardiaque part d’un concept physiopathologique simple et de données cliniques préliminaires indiquant un possible bénéfice. Le modèle repose sur le fait que le myocarde consomme plus d’énergie par gramme que les autres organes qu’il est donc constamment dépendant de la synthèse d’ATP. Or, plus la fonction cardiaque s’altère, plus le métabolisme des acides gras est dérégulé et la synthèse de l’ATP devient donc plus dépendante du glucose. Le GLP1 augmente la captation cellulaire du glucose en augmentant la sécrétion d’insuline et la sensibilité à l’insuline ; il devrait donc améliorer le métabolisme énergétique du myocarde et contribuer à améliorer le pronostic de l’insuffisance cardiaque.

L’étude Functional Impact of GLP-1 for Heart Failure Treatment (FIGHT) avait donc pour objectif d’évaluer si un traitement par le liraglutide (0,6 mg/j, puis 1,2 mg/j puis du trentième au cent-quatre-vingtième jour, à 1,8 mg/j), par rapport au placebo, peut améliorer la stabilité clinique à 180 jours après une hospitalisation pour insuffisance cardiaque systolique.

Cet essai thérapeutique contrôlé, a été conduit en double aveugle contre placebo chez des patients sortis d’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque systolique décompensée et ayant une fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) inférieure à 40 %, qu’ils aient ou non un diabète.

Trois critères ont été évalués de façon hiérarchisée avec une hypothèse de supériorité : le temps

Jusqu’à la survenue d’un décès, puis le temps jusqu’à une hospitalisation pour insuffisance cardiaque, puis la modification du NT-proBNP entre la randomisation et 180 jours chez les survivants. À noter que les résultats concernant ce dernier critère n’ont pas été rapportés lors de la présentation des résultats de l’étude.

Résultats : décevants

Trois cents patients dont 60 % étaient diabétiques, ont été inclus dans cet essai. Ils avaient en moyenne à l’inclusion une FEVG à 26 % et un taux plasmatique de NT-proBNP à 3 800 pg/ml.

Le résultat est simple et bref : il n’y a pas eu de différence significative entre les groupes concernant

l’incidence des décès (soit 16 pour 146 patients dans le groupe placebo et 19 pour 154 patients dans le groupe liraglutide), et l’incidence des décès ou hospitalisations pour insuffisance cardiaque, malgré une tendance à l’augmentation de ces événements chez les patients sous liraglutide (HR : 1,29 ; IC95 % : 0,92-1,83 ; p = 0,142).

Ainsi, le liraglutide, un hypoglycémiant, n’améliore pas la stabilité clinique à 180 jours après une hospitalisation pour insuffisance cardiaque systolique et pourrait même être délétère.

Margulies KB. AHA 2015 scientific sessions, LBCT.01
Dr François Diévart

Source : Le Quotidien du Médecin: 9455