Diarrhées aiguës du nourrisson

La vigilance s’impose

Publié le 08/06/2015
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« La prise en charge d’une diarrhée aiguë du nourrisson est certes un événement banal dans un service d’urgence. Mais cela doit toujours inciter à la vigilance car chez les enfants, et tout particulièrement chez les moins de six mois, la situation peut se détériorer très rapidement », explique le Dr Jean-Louis Chabernaud, responsable du SMUR pédiatrique de l’hôpital Antoine Béclère (AP-HP) à Clamart.

Dans la très grande majorité des cas, ces diarrhées aiguës sont dues à des rotavirus. Dans un avis de novembre 2013 sur la vaccination des nourrissons contre les gastro-entérites à rotavirus (GEA-RV), le Haut conseil de la santé publique (HCSP) notait que ces GEA-RV donnent lieu chaque année, chez les moins de 3 ans, à environ 155 000 consultations en médecine générale, 30 000 recours aux urgences hospitalières et 14 000 hospitalisations. « Cela est à l’origine de 7 à 10 % des hospitalisations chez les enfants de moins de 5 ans », souligne le Dr Chabernaud. À l’époque, le HCSP estimait entre 7,6 et 17,3 décès par an le nombre moyen de décès liés à une GEA-RV en France.

Le principal risque est bien sûr l’évolution d’une déshydratation non maîtrisée, avec la survenue parfois d’un choc hypovolémique. « Il faut faire attention à certains signes qui peuvent évoquer un état de choc : par exemple si l’enfant respire vite, s’il tachycarde, s’il présente une certaine pâleur, des extrémités froides ou des troubles de la conscience. Un signe essentiel est son comportement décrit par les parents. Si celui-ci est perturbé, avec perte de contact ou hypotonie, cela peut être un facteur de gravité. Il faut aussi être très vigilant chez les enfants diarrhéiques qui vomissent en même temps. Car là, le risque de déshydratation peut être très rapide avec y compris avec un pronostic vital qui peut se trouver engagé. Il y a certains enfants qu’on ne parvient à récupérer que grâce à une perfusion que, parfois et de manière exceptionnelle, on est obligé de faire par voie intra-osseuse. Cela peut arriver chez des nourrissons dont on ne voit plus les veines à cause de l’état de choc », indique le Dr Chabernaud.

Le traitement le plus et plus efficace est la délivrance de solutions de réhydratation orale (SRO). « Cela permet de reconstituer assez vite les pertes de sel et d’eau qui sont souvent très importantes chez ces enfants », indique le Dr Chabernaud, qui met aussi en garde contre le risque d’erreurs de diagnostic. « Certaines situations peuvent induire à confusion. Et il faut toujours avoir en tête qu’une diarrhée aiguë chez un nourrisson peut aussi être provoquée par une appendicite, une invagination intestinale aiguë ou un syndrome hémolytique et urémique, qui peut démarrer par un syndrome diarrhéique trompeur ».

Vaccination

Le Dr Chabernaud regrette la décision du HCSP qui, en avril dernier, a suspendu ses recommandations sur la vaccination des nourrissons contre les GEA-RV, à la suite du signalement d’un certain nombre d’effets indésirables (invaginations intestinales aiguës). « C’est dommage car ces vaccins présentent quand même un intérêt notamment chez les moins de 6 mois », indique le Dr Chabernaud.

D’après un entretien avec Dr Jean-Louis Chabernaud, responsable du SMUR pédiatrique, UF de la réanimation néonatale à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart (AP-HP) - Hôpitaux Universitaires Paris-Sud
Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du Médecin: 9418