La bataille judiciaire des victimes des centres dentaires Dentexia s'annonce longue

Publié le 10/05/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

La bataille des patients victimes des centres dentaires low-cost Dentexia, mis en liquidation judiciaire, s'annonce longue, un procès au pénal n'étant pas envisageable « avant trois ou cinq ans », a estimé ce lundi à Lyon l'avocat d'un collectif de plaignants.

Si des plaintes ont été déposées auprès des parquets de Paris, Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Lyon ou Marseille, où se trouvaient les centres Dentexia, pour l'heure, aucun parquet n'est saisi du dossier.

« On a fait le choix de ne pas porter plainte contre Dentexia ou les organismes financiers, car ce qui nous importe c'est que les gens arrêtent de payer et soient soignés », a déclaré lors d'une conférence de presse Me Pascal Couturier, dont le cabinet défend quelque 400 victimes sur les 2 200 recensées en France.

Alors que de nombreux patients ont emprunté pour leurs soins et se retrouvent en situation précaire, l'avocat s'est félicité d'avoir obtenu fin mars, « pour tous ceux qui en ont fait la demande », la suspension du remboursement des prêts de deux organismes de crédit auxquels de nombreux patients ont eu recours.

« Cela a entraîné la mise en place de protocoles » selon lesquels les organismes financiers « revisiteraient le capital emprunté à concurrence des travaux réalisés », souvent de très mauvaise qualité, a-t-il dit.

Pour cela, il sera nécessaire d'avoir des « expertises ayant valeur d'expertises judiciaires », mais moins lourdes à mettre en place, d'où « la mobilisation de ce jour pour dire aux pouvoirs publics "offrez-nous au moins ça" », a poursuivi Me Couturier. Une réunion avec Axa, la compagnie d'assurances de Dentexia, est prévue la semaine prochaine.

L'IGAS chargée d'enquêter

Le collectif des victimes a organisé lundi des rassemblements qui ont réuni notamment une quarantaine de personnes à Lyon et une trentaine à Paris, derrière une large banderole noire proclamant « Sans dents, sans soins, le scandale ».

Une aide-soignante de 47 ans, édentée sur le haut de la mâchoire depuis deux ans, explique « avoir dû changer de poste de travail car (ses) patients ne comprenaient plus » ce qu'elle disait.

« Je ne peux plus sortir car je dois manger tout mixé, je vis très très mal », confie les yeux embués cette quadragénaire en attente d'implants. Celle qui avait « refusé les offres de soins en Pologne (...) ne pensait pas que ça pouvait arriver en France ».

Comme elle, Leila a payé 12 000 euros « à l'avance » au moyen d'un emprunt proposé par le centre Poincaré, apparenté à Dentexia. Il lui reste trois mois à payer. « Edentée de huit dents », elle porte un dentier provisoire. « Quand il sort, c'est humiliant », « je n'ai plus embrassé mon mari depuis deux ans car j'ai honte », raconte cette sage-femme bientôt quinquagénaire.

Le ministère de la Santé a saisi l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) qui doit faire un point d'étape sur le dossier Dentexia début juin, avant de remettre son rapport avant la fin juillet.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr