Le phénomène ne date évidemment pas d’aujourd’hui. Du «trac de Villejuif» véhiculant, dans les années 1970, des informations fantaisistes sur des additifs supposés cancérigènes, aux informations les plus alarmistes qui ont couru sur le virus du sida lors de la décennie suivante, la santé a toujours été un terrain propice aux rumeurs de toutes sortes. Beaucoup sont tombés dans le panneau. Certains en ont fait leur miel, pas toujours innocemment. Et les médecins, quant à eux, ont posé depuis longtemps le diagnostic : c’est parce qu’elle est le réceptacle de toutes les angoisses que la maladie véhicule autour d’elle les informations les plus baroques et souvent les plus inquiétantes.
Ces derniers temps toutefois, le web est venu renforcer le mouvement. Parce qu'il abolit les frontières, Internet sert de courroie de transmission et d’amplificateur au traditionnel bouche à oreilles. Au point que la santé est désormais devenue le principal vecteur de fake news sur la Toile. Ce vecteur accélère aussi le temps, toute information devant être diffusée sans délai, fut-elle abrégée, tronquée, voir caricaturée. Apparemment, certains, au sein même de la communauté scientifique ont du mal à s’extraire de cette dictature de l'immédiat. Notre enquête démontre que les plus hautes autorités scientifiques s'en alarment et tentent d'y mettre bon ordre.
Qu'on s'en désole ou qu'on s'en accomode, reste pour les décideurs à apprivoiser les fausses infos, les rumeurs et les croyances. Une dimension qui est désormais partie prenante de la plupart des stratégies de santé publique. La composante psychologique devenant parfois - on l'a vu avec Ebola- presque aussi essentielle à maîtriser que la démarche scientifique.
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