Une cinquantaine de médecins et professionnels de la santé ont exhorté le gouvernement à reconnaître l'électrosensibilité comme une pathologie. Cet appel a été lancé à l'issue d'un colloque, à l'Assemblée nationale, sur les impacts sanitaires présumés des ondes électromagnétiques, jeudi 11 février, à l'initiative de la députée et l'eurodéputée écologistes Laurence Abeille et Michèle Rivasi.
L'électrosensibilité se définit comme une hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, causée par les antennes relais de téléphonie mobile ou les portables et serait responsable de multiples maux dont des troubles du sommeil, cognitifs, maux de tête.
Pas d'existence officielle de cette pathologie
Elle n'est pas, pour l'heure, officiellement reconnue comme maladie mais les signataires de l'appel mettent en avant le principe de précaution et réclament la création de « zones blanches » ou « refuge » (à l'abri des ondes électromagnétiques) pour les électrosensibles. L'électrosensibilité, qui concernerait jusqu’à 2 % de la population, fait débat entre les scientifiques sceptiques, et des patients, tout particulièrement depuis que la justice a accordé, en août dernier, une allocation de handicap à l'un d'eux. « Cette pathologie étant complexe et multifactorielle, nous sommes démunis face à ces personnes, dont la souffrance physique est réelle et les symptômes avérés. Même si une controverse scientifique demeure à certains égards sur le sujet, ces patients existent et des réponses doivent leur être apportées médicalement pour atténuer leur souffrance », estiment les médecins signataires.
En 2005, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait reconnu l'existence de symptômes, de gravité variable d'un individu à l'autre, mais elle estimait qu'il n'existait ni critères clairs pour un diagnostic, ni base scientifique permettant de faire le lien avec une exposition aux champs électromagnétiques. Le conseil scientifique de la Commission européenne (Scenihr) est arrivé à la même conclusion en mars dernier.
Un rapport de l'ANSES pour l'automne prochain
Dans un rapport général publié en 2013, l'Agence nationale française de sécurité sanitaire (ANSES) avait estimé que l'exposition aux ondes électromagnétiques pouvait provoquer des modifications biologiques sur les corps mais que les données scientifiques disponibles ne montraient pas « d'effet avéré sur la santé ». Elle avait néanmoins recommandé de réduire l'exposition des enfants aux téléphones portables.
En septembre 2015, l’Académie nationale de médecine a, quant à elle, rappelé que « sans mettre en cause la réalité des troubles ressentis par les personnes qui se disent électrosensibles et la nécessité de les prendre en charge médicalement et socialement, l’existence d’un lien entre les troubles évoqués par ces personnes et une exposition aux champs électromagnétiques n’a jamais été scientifiquement démontrée ». Elle a, par ailleurs, précisé que 24 consultations dédiées ont été créées en milieu spécialisé en France.
Dans ce contexte, l'ANSES a annoncé sa décision de produire un rapport spécifique sur l'électrosensibilité qui devrait être publié à l'automne.
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