« La liberté est la principale réponse aux difficultés de notre pays, c’est le constat que je fais à travers mon expérience gouvernementale. » François Fillon, ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, a fait boire du petit-lait aux quelque 200 participants au congrès du Syndicat des médecins libéraux (SML), ce vendredi à Marseille. « Nous avons essayé de protéger les Français contre tous les risques et nous sommes allés trop loin, si bien que notre capacité d’innover s’est éteinte », a-t-il confessé. François Fillon le dit haut et fort : « Il faut libérer notre capacité créative. »
Le contexte est contraint, reconnaît-il, car « notre système de santé est menacé par les déficits et les attaques de l’actuel gouvernement contre la médecine libérale ». La salle approuve bruyamment. L’ancien Premier ministre en rajoute aussitôt : « Il faut refonder le système, ce qui passe par le retour à la confiance, et l’affirmation que la médecine libérale est le socle de notre système de santé. »
Congressistes aux anges
Pour l’ancien locataire de Matignon, cette refondation repose sur deux principes intangibles, la liberté et la responsabilité. « Ça suppose la liberté d’installation, la liberté de prescription, et la liberté de choix du médecin, le gouvernement n’a pas compris votre rôle dans la société. » Les congressistes sont aux anges.
Fillon s’attaque ensuite au projet de loi de santé du gouvernement, qu’il qualifie d’« absurde ».
Pour lui, le tiers payant est « le modèle même de la mesure arbitraire, mal préparée et inutile », lance-t-il, citant le président du Sénat Gérard Larcher dans une interview au « Quotidien » – avant de se moquer de la grande concertation « lancée après le vote de la loi ».
Rémunérer les missions de santé publique
Devant les réactions favorables de la salle, l’ancien Premier ministre s’enhardit : « Cette loi de santé n’est pas légitime, elle doit être abrogée et réécrite. » Les congressistes n’en peuvent plus de joie...
Plus tard, il propose la suppression de l’AME (Aide médicale d’Etat), la réforme de la CMU et l’obligation de présenter des budgets de la Sécu à l’équilibre. Il propose de « responsabiliser davantage les patients », déclenchant de nouvelles approbations soutenues.
Il suggère la réorganisation des soins de premier recours, une meilleure coordination des acteurs « avec les médecins libéraux comme pivot » et une juste rémunération de tous les acteurs, « y compris pour leurs missions de santé publique ». C’est Noël avant l’heure.
Début septembre déjà, Alain Juppé avait fait son mea culpa lors des journées de la conférence nationale des URPS à La Baule. François Fillon se reconnaît lui aussi des torts. « La loi HPST n’était pas exempte non plus de critiques, reconnaît-il. Les ARS devaient être à votre service et non être la pour vous contrôler. » La salle s’amuse franchement.
En clôturant son intervention, l’ancien Premier ministre a droit à une véritable standing ovation. Mais tous les praticiens ne s’en laissent pas compter. Un spécialiste du sud-ouest de la France se confie à un confrère en quittant la salle : « La juste rémunération, on l’a attendue longtemps entre 2007 et 2012. »
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