LES ALLERS et retours du gouvernement au sujet de cette affaire auront été nombreux. Au début de l’année, il assouplit les sévères mesures de suppression de points sur le permis de conduire. Constatant ensuite une recrudescence des accidents mortels de la route, il décide de sévir, notamment en abolissant les panneaux qui annoncent la présence d’un radar ; et il interdit les appareils installés à bord de la voiture pour prévenir le conducteur de la proximité d’un radar. Tollé général chez les automobilistes, chez les fabricants d’appareils qui crient à la destruction d’emplois, et chez les élus de la majorité qui relaient le très vif mécontentement de leurs mandants.
Nicolas Sarkozy, omniprésent dans tous les dossiers, affirme avec vigueur qu’il ne reviendra pas sur des décisions relatives à une grande cause nationale et qui sauveront des miliers de vies humaines. Le Premier ministre, François Fillon, censé bénéficier de la confiance de l’UMP, est littéralement hué quand il présente l’argumentation du président. En définitive, le gouvernement annonce que la suppression des panneaux est suspendue, qu’il examine leur remplacement par des panneaux dits pédagogiques (ils alertent les automobilistes mais ne les sanctionnent pas), jusqu’à ce que le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, déclare qu’il n’est pas question pour le gouvernement de reculer.
L’affaire du président ?
Une fois de plus, les pouvoirs publics n’ont pas su faire l’économie d’une de ces querelles qui, lorsqu’elles divisent la majorité actuelle, risque de coûter de précieuses voix aux élections générales de l’an prochain. Nicolas Sarkozy veut tellement montrer son courage politique ou sociétal qu’il accepte avec témérité un nouveau risque électoral ; il déclenche dans son propre camp un mouvement d’humeur qui réduit, ou détruit, la popularité de M. Fillon au sein de l’UMP ; et il crée une confusion sur ses intentions réelles ou sa détermination à propos d’un dossier qui ne relève pas vraiment de la compétence de l’Élysée.
LE GOUVERNEMENT DOIT PROUVER QU’IL EST PLUS INTÉRESSÉ PAR LA SÉCURITÉ QUE PAR LA RECETTE FISCALE
À quoi il faut s’empresser d’ajouter que la religion de la vitesse constitue une bien mauvaise cause, que sur le fond, MM. Sarkozy et Fillon ont forcément raison ; que les associations de victimes se sont emparées du sujet pour stigmatiser la colère très suspecte des usagers de la route. C’est pourquoi les élus ont principalement dénoncé l’absence de concertation. Tout le monde a remarqué que des panneaux ont été démontés avant même la publication du décret intimant l’ordre de procéder au démontage. Les conducteurs n’ont raison que sur un point : l’automobiliste est la vache à lait du fisc, il paie une esssence de plus en plus chère, des péages parfois insensés, des contraventions de plus en plus lourdes dans un monde où la voiture est souvent dénoncée alors qu’elle constitue l’instrument parfois indispensable de l’emploi, de l’industrie et du commerce.
Il est néanmoins impossible de pacifier les automobilistes par le simple exercice de la persuasion et que seules la peur du gendarme et la crainte de perdre des points les incitent à lever le pied. Le gouvernement doit toutefois prouver sa bonne foi au sujet d’une accusation récurrente qui lui est lancée : il serait moins motivé par la sécurité que par les recettes fiscales qu’elle lui apporte. C’est pourquoi les radars pédagogiques représentent une solution susuceptible de satisfaire à peu près tout le monde. Ces radars informent le conducteur sur la limitation de vitesse et ce qu’il en coûte de ne pas la respecter. Ils sont installés de manière aléatoire, uniquement pour servir d’avertissement ultime à l’automobiliste qui, alors, n’a plus qu’à prendre ses responsabilités. Là où ils existent, ils fonctionnent à peu près comme des panneaux et suffisent à ralentir la vitesse des véhicules. Ils ne rapportent rien à l’État, sont de nature préventive, non répressive, et placent le débat sous le signe de l’équité.
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