Dès l’annonce officielle de la création de son centre de naissance aquatique, le Dr Thierry Richard, gynécologue-obstétricien à Guingamp (Côtes d’Armor), avait menacé : si l’Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne lui refusait l’autorisation d’ouvrir ce qui serait le premier centre de cet type en France, il engagerait une grève de la faim. Depuis samedi 8 décembre, c’est chose faite. Le jour même, l’ARS faisait savoir que pour elle, le dossier est pourtant bien clos. Jusqu’où ira ce médecin ?
Pour ouvrir son centre de naissance aquatique à Guingamp (Côtes d’Armor), le Dr Richard, gynécologue libéral dans la même ville, entendait bien passer en force. « Droit à l’innovation », combat engagé au nom de la « liberté des femmes » à choisir le mode et le lieu d’accouchement, les arguments étaient bien rodés. Et les médias sollicités pour relayer le message du président de l’Association française de naissance aquatique (AFNA) : « l’innovation n’est pas en odeur de sainteté dans ce pays. (L’AFNA) est ravie de contribuer modestement à faire bouger les lignes », pouvait-on lire dans un communiqué du Dr Richard daté du 25 septembre. Mais, force est de constater que jusqu’à présent, la montagne... accouche d’une souris.
Un angle d’attaque juridique
Son local, dans le centre de Guingamp, reste désespérément vide, faute de pouvoir accueillir les femmes qui souhaiteraient y accoucher, moyennant 800 euros. L’angle d’attaque juridique, jouant sur une nouvelle forme d’« accouchement à domicile » … dans une structure qui ne sera, selon les termes utilisés sur le site Internet de l’AFNA, « naturellement pas une clinique ou une maternité », n’a pas eu pour l’instant le débouché juridique escompté.
Enfin, l’ARS a, le 11 décembre, rappelé que : « Il est impossible de considérer comme "accouchement à domicile" des accouchements ayant lieu dans un "centre de naissance" où plus d’une parturiente sera reçue, sous la responsabilité d’un directeur, obstétricien, rémunéré à ce titre ».
Pour éviter l’ouverture du centre Semmelweis, suite à son inauguration les 17 et 18 novembre, l’ARS de Bretagne a saisi le 6 novembre le Procureur qui a diligenté une enquête de police judiciaire. Une suspension d’activité a aussi été notifiée par l’ARS au Dr Richard le 26 novembre. Suspension qui a été levée le 29 novembre, suite à l’engagement écrit du praticien à ne pas réaliser d’accouchements aquatiques au centre.
Malgré cet engagement, le médecin de 56 ans persiste et souhaite, par sa grève de la faim, « interpeller le ministère et obtenir l’autorisation d’ouverture », dixit son assistante jointe au téléphone, Catherine Dollo.
Cette « start-up obstétricale », telle qu’est qualifié le centre dans un communiqué de presse de l’AFNA du 10 octobre 2012, était l’aboutissement de vingt années de combat du Dr Richard. En 1991, il crée le prototype d’une baignoire de naissance (qui équipe le centre de Guingamp). Selon son CV, accessible sur le site Internet de l’AFNA, il est responsable de la Maternité de Saint-Girons jusqu’en 1993 (où plus de 250 naissances aquatiques auraient eu lieu) et assure des remplacements jusqu’en 2001, dans une quinzaine d’établissements différents.
En 1999, il fonde l’AFNA dont le but est le développement, « par tous moyens », de l’accouchement aquatique. Il anime aussi des conférences sur le sujet et publie.
Son inculpation en décembre 2001 pour homicide involontaire pour un décès néonatal intervenu un an auparavant à la maternité du CH de Castelsarrasin-Moissac se traduit immédiatement par une interdiction d’exercer. Le Dr Richard est condamné en février 2004. Mais, en appel, il est relaxé en mai 2005.
Après avoir fondé « la première banque française de conservation de cellules souches fœtales » (sic) en 2005, les remplacements vont alors reprendre, dans vingt établissements répartis sur tout le territoire métropolitain et même outre-mer. Il s’installe en libéral à Guingamp en août 2011. À mettre encore à son actif de combattant de la naissance aquatique, sa candidature aux législatives de juin dernier du « Parti des évidences Concrètes » qui milite pour le développement de ce mode d’accouchement, avec entre autres choses la réouverture des maisons de tolérance.
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