Les pictogrammes colorés destinés à identifier les médicaments les plus à risque pour la conduite n'ont pas permis de réduire le nombre d'accidents de la route liés à leur consommation en France. Tel est le dernier constat, décevant, rapporté par l'observatoire Combinaison d'études sur la santé et l'insécurité routière (CESIR) coordonné par l'INSERM et publié ce lundi 22 août dans la revue « British Journal of Clinical Pharmacology ».
Les médicaments à risque pour la conduite, soit un tiers des médicaments sur le marché, font l'objet d'une signalisation en France depuis la fin des années 1990. Un pictogramme unique, noir triangulaire, sans texte ni précision a été remplacé à partir de 2007 par trois triangles sur les boîtes de médicaments : jaune (niveau 1) qui préconise de « ne pas conduire sans avoir lu la notice », un triangle orange (niveau 2) qui demande d'être « très prudent » et de « ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé » et enfin un triangle rouge (niveau 3) qui exige de ne pas conduire du tout. L'étude menée par l'observatoire CESIR a porté spécifiquement sur l'impact des benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques et des hypnotiques apparentés signalés par les triangles orange et rouges. Ces derniers représentent dans l'ensemble « 70 % des médicaments associés aux accidents de la circulation en France » rapporte Emmanuel Lagarde, directeur de l'unité INSERM « Prévention et prise en charge des traumatismes » qui a conduit ces travaux.
La nouvelle signalétique, totalement inefficace
Pour déterminer l'efficacité des pictogrammes, les chercheurs ont identifié 150 000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011, en les répartissant en 4 grandes périodes : de juillet 2005 à décembre 2006, soit avant l'instauration des nouveaux pictogrammes, de janvier 2007 à mai 2008 correspondant à la mise en place du système, puis de juin 2008 à décembre 2009 et de janvier 2010 à décembre 2011, pour suivre l'évolution. Mais alors qu'on aurait pu espérer une baisse des accidents au cours des deux dernières périodes, les chercheurs n'ont pas trouvé d'effet significatif. Ils ont même trouvé une légère hausse des accidents dus aux somnifères de la famille des benzodiazépines ou apparentés (comme Stilnox, Zolpidem ou Imovane).
Un risque grandissant
« Les informations inscrites sur les boîtes de médicaments sont pertinentes, mais ça ne suffit pas, alerte Emmanuel Lagarde. Le rôle du médecin prescripteur dans la mise en garde des patients est essentiel. Il faudrait aussi réfléchir à l'instauration de tests sanguins chez les accidentés pour la recherche de ces substances, comme c'est déjà le cas pour l'alcool. » La durée des effets est variable selon les médicaments, allant de 6 heures en moyenne pour les benzodiazépines à des durées plus courtes pour certains produits apparentés. En tout état de cause, des solutions sont à trouver car le problème est grandissant. « Le risque d'accident de la route lié à la consommation de ces médicaments va se trouver mécaniquement en hausse compte tenu du vieillissement de la population, les plus de 50 ans étant les principaux consommateurs de ces produits », souligne l'expert.
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