Construit sur les remparts qui entouraient jadis la ville de Lille, le quartier du Faubourg de Béthune s’est développé après-guerre, en pleine crise du logement.
Pour faire face à l’urgence, d’immenses tours ont été construites à la hâte. Concorde, le plus grand de ces ensembles, totalise à lui seul 1 500 logements et 5 000 habitants. Aujourd’hui, ce quartier concentre toutes les difficultés : un taux de chômage de 35 %, grimpant jusqu’à 50 % chez les jeunes, une absence totale de mixité sociale (80 % de la population est issue de l’immigration) et d’importants problèmes de trafic de drogue.
Une première opération de rénovation avait été lancée il y a vingt ans pour rénover les logements. Cette fois, c’est une restructuration complète qui est programmée, les appartements ne répondant plus du tout aux standards actuels. Et la priorité sera donnée à la santé des habitants.
« Les indicateurs de santé ne sont pas bons dans ce quartier. Concorde est bâti au pied de l’autoroute A25 d’où un niveau de bruit très élevé, des problèmes de sommeil chez les habitants, et une mauvaise qualité de l’air. La prévalence des allergies infantiles a doublé en 15 ans, en raison de la concentration de particules fines dans l’air », détaille le Dr Jacques Richir, adjoint à la qualité de vie et aux risques sanitaires et urbains auprès de Martine Aubry.
Dans le cadre du nouveau programme de rénovation urbaine (ANRU2) lancé par le gouvernement, la ville a répondu à l’appel à projet sur « la ville durable et solidaire, excellence environnementale du renouvellement urbain », et son concept de « territoire à santé positive » a été retenu, avec à la clé une première enveloppe de 150 000 euros pour mener les études techniques.
Un mur antibruit d’un kilomètre
Le projet est audacieux : il donne la priorité à la santé des habitants, dans toutes les opérations de rénovation. Un cahier des charges très strict encadrera l’utilisation des matériaux de construction. Peintures, colles, ventilation à double flux devront garantir une bonne qualité de l’air intérieur. Le paramètre du bruit devra également être inclus dans tout projet de construction.
L’ensemble Concorde va être isolé de l’autoroute A25 par un immense mur antibruit long d’un kilomètre et couvert de panneaux solaires destinés à produire l’eau chaude sanitaire des immeubles. Derrière ce mur seront aménagés des maraîchages urbains, comme cela se pratique dans la ville américaine de Détroit. De vastes serres permettront aux habitants de se fournir en légumes.
« L’objectif est d’intégrer la démarche santé à tous les stades de la rénovation pour faire de la santé un levier de développement, explique Jacques Richir. Nous allons nous appuyer sur les acteurs de santé et le centre social, afin de modifier un certain nombre de pratiques négatives et tirer la population vers le haut. »
Certaines barres d’immeubles vont être démolies, d’autres réduites de moitié pour aérer le quartier. Et la mixité sociale va être développée, grâce à une baisse du nombre de logements sociaux (actuellement 100 % du parc est social).
Une opération de longue haleine étalée sur 8 à 10 années. L’avenir dira si ce concept de « territoire à santé positive » mérite d’être dupliqué dans d’autres villes françaises.
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