Le risque d’exacerbation d’un asthme lors des pics de pollution est connu depuis fort longtemps, mesuré sur la consommation des médicaments de crise, le nombre des consultations, le recours aux urgences, etc. Ce que l’on savait moins et qui préoccupe davantage aujourd’hui, c’est le retentissement de la pollution de fond, hors les pics donc, sur l’évolution de la maladie chronique d’une part, les nouveaux cas d’asthme d’autre part.
Ces nouvelles données sont issues d’études de cohorte menées sur des enfants de la naissance aux premières années de vie. « Quand les enfants sont plus exposés à une pollution de fond (sur leur lieu d’habitation notamment), les cas d’asthme incidents sont plus nombreux, outre les exacerbations liées aux pics de pollution », relève le Pr Just. Leur croissance pulmonaire est modifiée, ce qui se traduit par des performances spirométriques moindres, même en dehors d’une pathologie avérée. Avec une fonction pulmonaire moins bonne, ils sont plus vulnérables vis-à-vis des maladies à venir, comme ce que l’on constate au décours d’un tabagisme in utero quel que soit le terme. Pollution et tabagisme passif associés amplifient d’ailleurs le risque d’atteinte respiratoire. Les mécanismes physiopathologiques sont multiples : d’irritation d’abord, produisant une inflammation locale prélude à l’hyperréactivité bronchique. Ou encore une réaction spécifique IgE dirigée contre les particules diesel (les plus immunogènes). Pour d’autres polluants comme l’ozone, c’est la diminution du seuil de réaction aux allergènes. Une allergie aux pollens ou une infection virale précipite les évènements respiratoires liés à la pollution.
Mécanismes épigénétiques
Sur le plan des mécanismes cellulaires, il s’agit de phénomènes d’oxydation. Des mécanismes épigénétiques, mis en évidence sur des fœtus de mères exposées, peuvent aussi expliquer l’effet des polluants sur l’appareil respiratoire : « L'expression de certains gènes alors facilitée concourrait à l’apparition d’un asthme plusieurs années après », décrit-elle. Lorsque cohabitent un compte de pollens élevé et un pic de pollution, les crises sont à l’évidence plus nombreuses. Dans ces conditions, la conduite à tenir pour éviter les conséquences néfastes de la pollution sur la fonction pulmonaire relève du bon sens. Il est déconseillé de sortir les jeunes enfants au moment des pics : « Ils respirent plus rapidement, inhalent davantage de polluants et leur appareil respiratoire est plus sensible, et ce, indépendamment de toute pathologie », observe-t-elle. Les jours de pollution, les nourrissons en crèche sont invités à rester à l’intérieur, et, pour les plus grands, les activités physiques à l’extérieur doivent être momentanément interrompues. Si traitement d’un asthme ou d’une allergie il y a, l’observance est d’autant plus indiquée en période de pollution. « Plus globalement, à l’échelle de la ville, je suis tout à fait en accord avec les décisions qui sont prises pour encadrer le parc automobile, interdire la circulation des véhicules anciens, le diesel, et plus spécifiquement les jours de pics, imposer la circulation alternée », insiste le Pr Just.
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