Accès aux soins des personnes handicapées

Les oubliés de la prévention

Publié le 26/05/2014
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Crédit photo : PHANIE

Des idées, Pascal Jacob, président de l’association Handidactique-I=MC², n’en manque pas. À chaque constat qui démontre un problème d’accès aux soins des personnes handicapées, il avance une piste à explorer ou une expérience déjà en cours dans telle ville, dans telle région. Mais, pour amplifier ce travail de proposition et de recensement d’initiatives, l’objectif affiché du rapport rendu en avril 2013 aux ministres de la Santé et des Personnes handicapées (1) est bien de parvenir à faire intégrer dans la prochaine loi de santé publique les grands principes détaillés dans le rapport en question.

« Cela serait une manière pour nous d’être écouté à part entière », souligne Pascal Jacob, qui ajoute qu’une circulaire a été envoyée le 4 septembre 2012 par le Premier ministre à l’ensemble des ministres pour que soit inséré un volet handicap dans chaque nouvelle loi.

Renoncement fréquent aux soins courants

Le chantier est immense… à commencer pour les médecins. « 80 % des personnes handicapées déclarent abandonner leurs soins courants ! Cela signifie qu’il n’y a soin que lorsque c’est grave, et que, par conséquent, ce soin s’effectue à l’hôpital… », explique Pascal Jacob. La preuve : 15 millions de journées d’hospitalisation sont comptabilisées pour cette population, quand, pour le reste de la population, il oscille entre 5 et 6 millions. Pour comprendre ce chiffre, le président d’association pointe l’abandon des soins courants et des actes de prévention.

« Les personnes handicapées ont été oubliées de la prévention, dénonce-t-il. À titre d’exemples : seulement deux mammographes assis fonctionnent pour toute la France ; on dénombre 11 fois plus de cancers du sein et 8 fois plus de cancer du colon chez les personnes handicapées que dans la population générale. Les protocoles de prévention pour ces personnes n’existent pas. » Pourtant, une personne handicapée sur deux est atteinte d’une maladie chronique.

Médecin de ville au premier plan

Le fait que 85 % des personnes handicapées vivent à domicile met la médecine de ville au premier plan. Cela passe par des solutions physiques pour permettre l’accessibilité des cabinets libéraux, par des moyens pour que ces cabinets aient du matériel adapté (un travail avec l’URPS de la région Centre notamment est à noter), par une meilleure coordination médicale (2), par un travail d’identification des compétences adaptées disponibles sur un secteur géographique (comme à Marseille), mais aussi, selon Pascal Jacob, par une meilleure sensibilisation des professionnels de santé.

« Il y a encore un fossé entre les personnes handicapées et certains soignants. Pour le réduire, il faudrait par exemple imposer un stage de deux semaines à tout futur professionnel pour que ce dernier se confronte aux réalités du handicap. »

1) Rapport téléchargeable sur le site du ministère de la santé : http://www.sante.gouv.fr/rapport-de-pascal-jacob-sur-l-acces-aux-soins-…

2) Regarder à ce sujet le film réalisé par Pascal Jacob : « Si tu savais », visible sur : http://www.fehap.fr/jcms/fehap_60242/la-fehap-partenaire-du-film-si-tu-savais-de-pascal-jacob-sur-l-acces-aux-soins-des-personnes-handicapees

De notre correspondant Olivier Quarante

Source : Le Quotidien du Médecin: 9330