LE GOUVERNEMENT va commencer à mettre en œuvre plusieurs mesures annoncées en juin dernier lors de la Conférence nationale du handicap, destinées à « renforcer l’accompagnement des élèves handicapés ». Concrètement, il s’agit d’abord d’améliorer la qualité de l’accompagnement des élèves handicapés avec la création de postes d’assistants de vie scolaire (AVS) supplémentaires, qui remplaceront progressivement les contrats d’accompagnants aidés. Dès cette rentrée, 2 000 AVS seront recrutés, 4 500 pour la rentrée 2012 et 7 200 pour la rentrée 2013. Mieux formés et bénéficiant de contrats publics de trois ans renouvelables une fois, ces AVS permettent de suivre les enfants handicapés dans la durée.
Si ces créations de postes sont saluées par les associations, « pour autant, le sujet de la scolarisation des enfants handicapés ne s’épuise pas avec ce sujet des auxiliaires de vie scolaire », fait remarquer Thierry Nouvel, directeur général de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et leurs amis (UNAPEI). « On souhaiterait qu’il y ait davantage de complémentarité entre les différents dispositifs existants dans le secteur médico-social que l’Éducation Nationale a encore du mal à appréhender », ajoute-t-il.
Depuis2005, le ministère a surtout mis le cap sur la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire. Aujourd’hui, les chiffres sont là pour en témoigner, avec 201 406 élèves handicapés scolarisés, soit une augmentation de 32 % par rapport à 2005. Selon le ministère de l’Éducation Nationale, près de 90 % d’entre eux sont même scolarisés à plein-temps. « En se focalisant sur l’aspect purement quantitatif, le ministère privilégie pour le moment une politique du chiffre sans se préoccuper véritablement des réels besoins d’accompagnement de ces enfants en termes qualitatifs », considère Thierry Nouvel. « Leurs besoins sont extrêmement variés et nécessitent de faire du sur-mesure. C’est à la fois un accompagnement à l’école, en dehors de l’école, des temps de scolarisation partagés entre le secteur médico-social et l’Éducation nationale. C’est plus lourd et plus complexe à mettre en œuvre et, depuis 2005, on a peu avancé sur le sujet », poursuit-il.
5 000 enfants à l’abandon.
Prévu par la loi du 11 février 2005 sur le handicap, le décret instaurant les conventions de coopération entre ces deux univers aura mis quatre ans pour être publié. « À ce jour, il n’est que très partiellement mis en œuvre, sans véritable volonté de la part des acteurs de s’emparer véritablement de ce dispositif », regrette Thierry Nouvel. L’UNAPEI a déjà réclamé au ministère d’insuffler un processus vertueux avec des objectifs chiffrés progressifs pour que les établissements scolaires aient tous signé une convention avec les établissements médico-sociaux d’ici à 5 ans. « Pour l’instant ce dossier ne fait pas partie des actions prioritaires de l’Éducation nationale », constate le directeur général de l’association.
Pour améliorer qualitativement la prise en charge des enfants handicapés, l’Éducation nationale a annoncé sans plus de précisions la poursuite de l’amélioration des pratiques d’évaluation des enfants handicapés par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). « Il s’agit d’évaluer au mieux les besoins de l’enfant afin que celui-ci puisse bénéficier d’une orientation scolaire pertinente et d’un accompagnement scolaire adapté », indique le ministère. Sur la question du suivi, le chantier reste d’ailleurs très important avec des enseignants référents dotés de moyens largement insuffisants (chaque enseignant suivant en moyenne près de 200 enfants handicapés dans leur parcours scolaire).
Aujourd’hui, comme le rappelle le récent rapport du sénateur Paul Blanc sur la scolarisation des enfants handicapés, au moins 5 000 enfants et adolescents handicapés ne seraient pas scolarisés et ne bénéficieraient pas d’un accompagnement médico-social. « Il faut rendre prioritaire toutes les actions au niveau de la mise en accessibilité de la société dont l’école fait partie. » insiste Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France (APF). « Or, plutôt que d’offrir au moins des apprentissages à ces enfants souffrant le plus souvent d’un handicap très lourd, on donne une allocation aux parents pour qu’ils les gardent à la maison. Laisser ces enfants sans encadrement, c’est leur infliger un surhandicap », résume-t-il.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation