AUJOURD’HUI, en France, 12 % des enfants souffrent de surcharge pondérale. Une proportion en baisse par rapport à 1999-2000 (elle était alors de 14 %) selon une enquête publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 6 septembre, réalisée en 2005-2006 auprès de 23 365 enfants en grande section de maternelle âgés de 5 à 6 ans.
Alors que le gouvernement a publié, en juillet, son plan Obésité 2010-2013, que la taxe sur les sodas n’en finit pas d’alimenter les critiques et que des traitements tels que les pilules Alli et Xenical éveillent les soupçons, VIF peut se targuer, depuis sept ans, d’obtenir des résultats concrets. De son ancien nom ÉPODE (Ensemble Prévenons l’Obésité des Enfants), le programme est issu du travail de l’association Fleurbaix Laventie Villes Santé (FLVS), qui mène une étude de prévention de l’obésité depuis 1992. En travaillant sur l’éducation alimentaire et sur un engagement efficace de l’ensemble des partenaires locaux, le programme a influencé les habitudes alimentaires de la famille tout entière. Ainsi, à Fleurbaix et Laventie, deux communes du nord de la France, la prévalence de l’obésité infantile n’a pas augmenté de manière significative entre 1992 et 2000, alors qu’elle doublait dans la région.
Entre 2004 et 2007, 10 villes pilotes se sont engagées dans le programme ÉPODE, dans l’optique de conjuguer l’action des élus, des réseaux de santé et des partenaires institutionnels pour stopper l’épidémie de surpoids et d’obésité. La ville de Béziers (Hérault) est un exemple de réussite du programme, notamment en ce qui concerne l’implication des médecins généralistes. La commune s’appuie sur un réseau médico-social actif depuis dix-neuf ans, qui regroupe la quasi-totalité des généralistes et des travailleurs sociaux. Grâce à ce réseau, près de 6 000 enfants ont été pesés, mesurés et orientés chaque année. VIF s’appuie sur le COMERBI, le Collège des médecins de la région biterroise, qui travaille en étroite collaboration avec l’association Croque Santé, cofinancée par l’Agence régionale de santé, pour assurer le suivi des enfants en surpoids. Cent médecins généralistes ont signé une convention avec l’association, qui compte des diététiciens et des psychologues et vient d’ouvrir une antenne à Montpellier et une à Perpignan. Les enfants sont accompagnés jusqu’à ce qu’ils retrouvent une certaine autonomie physique, puis réinsérés dans des clubs sportifs.
Le médecin au cœur du réseau.
« Le médecin seul ne peut rien ! », souligne Monique Romon, présidente de l’association FLVS et médecin hospitalier à Lille : « Le médecin généraliste est essentiel car il est au plus près de son patient mais il doit l’accompagner vers d’autres structures, tisser le lien avec d’autres acteurs. » Pour Monique Valaize, adjointe à la santé publique de la ville de Béziers, « VIF fonctionne, car il y a une transversalité au niveau de la commune et un maillage de toute la ville. Des associations travaillent en direction des enfants, d’autres spécifiquement auprès des parents. On leur apprend par exemple à déchiffrer des étiquettes, on travaille avec un supermarché fictif qui se déplace dans les quartiers pour apprendre aux mamans à choisir leurs produits. »
À Vitré (Ille-et-Vilaine), le maire (UMP) Pierre Méhaignerie s’est engagé dès le début dans le programme. « La mobilisation paie ses fruits, témoigne-t-il. La ville connait une pratique sportive supérieure à la moyenne nationale, une tradition de faire la cuisine, des médecins scolaires et des parents très impliqués. » Dans les écoles ayant obtenu les moins bons résultats, la municipalité a institué trente minutes quotidiennes d’exercice physique. VIF a permis de mettre sur pied des initiatives spécifiques, comme l’opération « Un fruit pour la récré » à Melun (Seine-et-Marne), un Salad’Bar dans les cantines de plusieurs écoles ou encore la suppression des cars scolaires pour faire le trajet de l’école à la cantine dans plusieurs communes.
VIF entend aujourd’hui agir davantage auprès des populations défavorisées. Ainsi, à Lille, où 35 % des femmes des quartiers pauvres souffrent d’obésité, les équipes de VIF proposent un accompagnement spécifique : « Ces femmes souffrent de leur état, insiste Monique Romon. Si on leur propose de les aider, elles vont petit à petit répercuter leur changement de comportements sur leurs enfants. »
Autour de la thématique annuelle du programme, « Le partage », VIF devrait aussi lancer prochainement le projet « En forme dans nos quartiers », avec une convention avec le ministère de la Ville. Objectifs principaux : le réaménagement des cours d’école des quartiers les plus pauvres pour favoriser l’activité physique et le recrutement d’ambassadeurs de la forme.
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