Alors que deux millions de Français souffrent de dénutrition, une semaine nationale de sensibilisation se tient pour la première fois du 12 au 19 novembre. Sous l'impulsion du ministère de la Santé, cette campagne est organisée par le Collectif de lutte contre la dénutrition et s'intègre dans le Plan national nutrition santé (PNNS) 2019-2023. L'enjeu : mieux faire connaître cette maladie auprès des professionnels du soin et de l'accompagnement et auprès du grand public.
« La dénutrition est une maladie et non un symptôme, pour laquelle nous disposons d'un traitement efficace, d'où l'importance de la dépister, a précisé, lors d'un point presse, le Pr Éric Fontaine, nutritionniste au CHU de Grenoble et président du Collectif. Plus elle est dépistée précocement, plus il sera facile de la soigner ».
Perte de 6,5 kg chez les patients Covid
Si la crise sanitaire a chamboulé l'organisation de cette semaine d'information, la pandémie en souligne son importance : « une étude française multicentrique menée au cours de la première vague a mis en évidence une perte de poids de 6,5 kg en moyenne en moins d'un mois parmi 403 patients hospitalisés pour Covid (1) », rapporte le Pr Fontaine. Au-delà de l'infection elle-même, le confinement a pu favoriser la survenue de la dénutrition chez les personnes âgées.
Et si les seniors sont les plus touchés par la dénutrition en France, cette maladie peut concerner, entre autres, les sujets atteints de cancer et les patients hospitalisés, y compris les plus jeunes. Un enfant hospitalisé sur dix souffre de dénutrition.
L'importance de la pesée
Le Pr Fontaine appelle à une prise de conscience de cette pathologie dans le milieu médical, alors que « 20 à 40 % des patients hospitalisés sont dénutris » et souligne l'importance de la pesée lors des consultations médicales. « Un amaigrissement n'est jamais normal, y compris chez les personnes en surpoids », précise-t-il. Le spécialiste grenoblois déplore par ailleurs le manque de moyens pour prendre en charge les patients dénutris.
Parmi les personnes âgées, « la prévalence de la dénutrition est de 30 à 40 % en EHPAD et de 50 % à l'hôpital, note la Pr Agathe Raynaud-Simon, présidente de la Fédération française de nutrition. Néanmoins, le pronostic peut être amélioré par la prise en charge, avec un risque moindre d'hospitalisation ou de réhospitalisation ». Cette prise en charge associe notamment des mesures nutritionnelles, avec un apport important en protéines, de la mobilisation et de l'activité physique. « Ce traitement vise à empêcher les complications, la perte d'autonomie et réduire ainsi la mortalité », souligne la gériatre et nutritionniste à l'AP-HP.
La prévention est également un aspect essentiel de la dénutrition, qui passe par une bonne hygiène bucco-dentaire, une activité physique adaptée et une alimentation de qualité, que ce soit à domicile ou en établissement.
Dans le cadre de la semaine de la dénutrition, plus de 2 200 actions vont avoir lieu sur tout le territoire. Des webinaires sont aussi prévus, et un kit de communication comprenant notamment posters et vidéos est disponible sur le site de l'événement (2).
(1) Cette étude (non publiée) fait l'objet d'une communication orale lors des Journées francophones de la dénutrition
(2) semainedeladenutrition.fr
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