LE PLAN « santé outre-mer » de 2009 avait fait naître un espoir. À un diagnostic précis étaient proposés des remèdes spécifiques : amélioration du dépistage de la drépanocytose, coopérations avec les pays frontaliers, développement de la télémédecine, implantation locale du premier cycle des études médicales... Certaines promesses ont été tenues, pas toutes, et des attentes ont été déçues. Au moins ce plan a-t-il eu le mérite de jeter un regard politique particulier sur la santé en outre mer.
Les hôpitaux martiniquais sous perfusion.
La gauche, depuis 2012, n’a pas donné suite au plan de Bachelot. L’Agence française de développement (AFD), très impliquée dans le soutien financier à la santé ultra-marine, a organisé un colloque à Paris pour faire le point sur les enjeux futurs. Si le nombre de lits hospitaliers a considérablement augmenté ces dernières années, l’offre de soins n’en reste pas moins lacunaire, et les inégalités avec la métropole, flagrantes.
Christian Ursulet, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Martinique, a brossé un tableau dramatique de la situation. « Les hôpitaux martiniquais n’ont aucune chance de survie si l’État ne donne pas 107 millions d’euros par an jusqu’à ce que le plan de retour à l’équilibre porte ses fruits », a-t-il lancé.
Pénurie d’offre médicosociale, surhospitalisations, quasi-absence de maisons médicales de garde... Rééquilibrer la prévention et le soin est une priorité sur l’île. Les « rentes de situation » sont aussi dans le viseur de l’ARS. Ainsi la maternité du Lamentin souffre-t-elle d’un sérieux sureffectif et d’un déficit abyssal, pour une mortalité périnatale deux fois plus élevée que la moyenne nationale. « Un scandale », gronde Christian Ursulet, tenté par une fusion avec la maternité du CHU de Fort-de-France. Il faut mettre « de l’ordre » sur l’île, prévient le représentant de l’État. Pas simple, avec un chômage martiniquais qui frappe 50 % des moins de 30 ans.
Voisinage.
Certaines initiatives portent leurs fruits. Ainsi le CHU de la Réunion utilise-t-il ses blocs opératoires 90 minutes de plus chaque jour après les avoir réorganisés. « Le plan de performance avec l’ANAP a été un très aiguillon très fort, il faut maintenir cela », estime David Gruson, DG du CHU.
Mais impossible de faire abstraction des pays voisins. La députée (PS) Chantal Berthelot cite le cas de la Guyane, séparée, sur son flanc ouest, du Surinam par le fleuve Maroni. Les va-et-vient d’un pays à l’autre sont fréquents. « Reconnaît-on la santé surinamaise comme aussi importante que la santé guyanaise ? Estimons-nous que les diplômes sont équivalents à ceux de nos médecins formés au CHU ? », questionne-t-elle, évoquant des « freins franco-français ». La situation géopolitique complique parfois le tableau : la république islamique des Comores, par exemple, ne reconnaît pas Mayotte comme française.
Rompre avec la politique du panier percé.
Le manque de blouses blanches achève de déstabiliser l’outre mer. La densité des médecins généralistes pour 100 000 habitants est de 115,6 dans les DOM/TOM, contre 138,6 en métropole. Pour les pharmaciens d’officine, le rapport est de un à deux.
Alors, quelle politique définir à l’avenir ? Constatant l’échec des rallonges budgétaires, ce médecin martiniquais plaide pour un 2e plan santé outre-mer : « On vit mal de demander toujours plus et plus. Notre situation ne se résume pas à de l’argent à donner, il faut une réflexion globale ». Ce n’est pas le DG de l’ARS de Martinique qui le contredira, qui réclame un plan pluriannuel volontariste.
Le directeur général de l’offre de soins (DGOS), au ministère de la Santé, admet que « beaucoup reste à faire pour rattraper la métropole », même si des « progrès considérables » ont été réalisés aux Antilles.
Plusieurs dossiers importants « cheminent » selon Jean Debeaupuis : la reconstruction complète du CHU de Pointe-à-Pitre, la construction d’un pôle sanitaire à l’ouest de la Réunion, ou celle d’un plateau technique à Fort-de-France. Le développement de la télémédecine à Wallis-et-Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon est à l’étude. La DGOS, qui a renforcé les aides accordées aux hôpitaux ultra-marins depuis un an, se garde cependant d’indiquer si un nouveau plan santé outre-mer est dans les cartons.
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