C’EST PEU DIRE que le département de Mayotte souffre des inégalités sociales et de santé : 92 % de ses 212 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté métropolitain. Des maladies comme le béribéri ou le scorbut réapparaissent, la mortalité infantile est quatre fois celle de la métropole. Les obstacles aux soins s’empilent : pénurie de professionnels et de médicaments, problèmes de traduction, renoncement aux soins (qui ne sont plus gratuits pour tous depuis 2004) vaguement compensés par la médecine traditionnelle (phytothérapie pour soigner les diarrhées, versets coraniques contre les troubles mentaux...).
Comparée à ses voisines, l’île française, avec son beau plateau technique et ses dispensaires, fait pourtant figure de nantie. L’Union des Comores dispose d’un système de santé défaillant. L’hôpital national de référence, privé de laboratoire digne de ce nom, n’a pas en permanence d’eau courante. Les patients hospitalisés doivent tout acheter, des médicaments à la nourriture, et le personnel est payé parfois, pas toujours. L’unique scanner du pays, privé, fonctionne par intermittence car « l’unique radiologue capable de le faire fonctionner travaille à temps partiel à Mayotte », selon une étude (2011) de l’AFD.
Situation « ingérable » selon l’ARS.
Résultat : la pression sur le système de santé mahorais est très forte (les deux tiers des naissances à Mamoudzou sont de mères étrangères). Et même « ingérable », selon Chantal de Singly, la DG de l’ARS Océan indien. « Toutes les nuits arrivent des bateaux avec des clandestins. Ce sont les mêmes familles de part et d’autre de l’océan. Impossible de les refuser, mais en les soignant, on n’arrive pas à soigner la population qui a choisi la France ». Ces choix quotidiens placent le corps médical en délicate posture.
S’ajoute le coût des évacuations sanitaires régulières des Comores vers Mayotte. « L’hôpital prend en charge les billets d’avion et les soins, rappelle la DG d’ARS. Qui doit payer cela ? Est-ce normal que ce soit l’assurance-maladie ? ».
L’AFD, qui appuie l’amélioration de l’offre de soins à Mayotte, est pour sa part convaincue que les efforts seront vains sans une urgente consolidation du système de santé des Comores.
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