« ARRÊTONS l’hypocrisie », le problème du harcèlement à l’école « concerne tous les adultes », estime Eric Debarbieux, auteur du rapport intitulé « Refuser l’oppression quotidienne : la prévention du harcèlement à l’école »(consultable sur education.gouv.fr/rapport-prevention-harcelement-ecole). Fin mars, une étude présentée par l’UNICEF montrait qu’environ un élève de primaire sur dix (11,7%) se disait harcelé, victime de petites violences répétées. Ces violences, qui ont des conséquences scolaires (décrochage, absentéisme), peuvent également avoir des répercussions psychologiques à long terme.
Parmi les 15 propositions du rapport, Eric Debarbieux, président du conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l’école, insiste sur le rôle des adultes. Les personnels « relais » devraient faire l’objet d’un « plan national de formation » : les personnels de direction, mais aussi les infirmières et médecins scolaires, les membres des équipes mobiles de sécurité, les conseillers principaux d’éducation qui doivent être « confortés dans leurs missions ». S’agissant de la formation initiale des enseignants eux-mêmes, jugée insuffisante, le rapport trace plusieurs pistes : l’organisation d’une « conférence nationale » sur le sujet impliquant les présidents d’universités et la création d’un « Haut conseil à la formation ».
L’exemple étranger.
La prévention, notamment via des « mobilisations collectives » d’élèves et de parents, constitue le deuxième moyen de lutte. Le directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école prend toutefois garde de souligner que cette prévention doit être menée sur du long terme et assure que cela « n’a rien à voir avec une quelconque préconisation au "fichage" précoce des jeunes "harceleurs" ». Il envisage l’organisation d’un « concours national de projets contre le harcèlement à l’école et pour le mieux vivre ensemble » en prenant exemplesur des expériences menées à l’étranger.
Car si le harcèlement à l’école existe partout, le nord de l’Europe a pris de l’avance dans la prise en charge du phénomène. Dans les pays scandinaves, les enseignants font un travail de sensibilisation en impliquant tous les élèves. En Grande-Bretagne, le problème, appelé « school bullying », a été pris en charge depuis la fin des années 1980 avec l’intervention des instances publiques. Chaque établissement doit avoir une politique de lutte contre le harcèlement et beaucoup emploient un professeur uniquement dédié à cette question. Depuis 2004, une semaine de sensibilisation « anti-bullying » est organisée tous les ans. D’autres politiques ont été mises en place, comme en Pologne, où les médias ont été largement impliqués dans la lutte contre le harcèlement. En Espagne, des intervenants font jouer de petits scénarios aux élèves. Aux Etats-Unis, le président Barack Obama a lancé, en mars, une grande campagne nationale via un site internet (stopbullying.gov) avec la chanteuse Britney Spears comme marraine.
Au chapitre des sanctions, Eric Debarbieux prône que les harceleurs « réparent le mal causé » auprès des victimes, sur le principe d’une « justice restaurative ». Après la tenue des assises nationales dans les prochains jours, le ministre de l’Education Luc Chatel devrait annoncer des mesures concrètes.
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