ILS ONT BEAU avoir de grosses chaussures, ils marchent sur des œufs sans les casser. De gros nez rouges, des paillettes dans les cheveux et parfois des instruments de musique, ils savent se faire discrets quand il le faut. Bruyants et chahuteurs quand c’est possible. Et toujours utiles aux enfants très malades cruellement privés d’insouciance, à leurs parents et même aux soignants guettés par le burn-out. Ces clowns professionnels dispensent leur savoir-faire rire et jouent de leurs outils de diversion dans une trentaine de services de pédiatrie en France.
Créée par une Américaine, Caroline Simonds, Le Rire médecin a débuté à l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes, et à l’Institut Gustave-Roussy. Vingt après, une trentaine de services les accueille désormais. L’énergie de sa créatrice, du secrétaire général, Marc Avelot, des clowns intervenants, et le bénéfice ressenti dans les services où ils évoluent deux fois par semaine ont permis cette évolution. Leur démarche est très professionnelle, leur façon d’aborder les gens très réfléchie, de s’adapter à chaque situation étonnante et précieuse, explique le Pr Alain Fischer, président de l’association, qui les voit à l’œuvre dans son service.
Cette absence d’amateurisme leur permet de détourner l’anxiété de l‘enfant, lors des examens douloureux par exemple, de lui faire oublier l’hôpital, ne serait-ce que quelques instants, et ces moments sont prolongés par l’attente de la prochaine visite, par les liens tissés au fil du temps. « Les clowns laissent derrière eux des empreintes, des graines de joie qui germent et prolongent le bénéfice de leur passage », écrivent les auteurs. Aux parents pétris d’anxiété et meurtris, ces intermèdes apportent aussi une occasion d’une communication plus détendue avec leur enfant.
Bernard Mathieu et Jacques Grison ont observé pendant plusieurs mois le travail de l’association. Le premier a recueilli les témoignages de parents, d’enfants et de soignants, le second a pris des photos d’une extrême délicatesse. Leur ouvrage est à la fois édifiant et émouvant. Bernard Mathieu raconte qu’il s’est un peu fait tirer l’oreille par son ami photographe avant d’accepter le projet : « J’aurais préféré garder la tête dans le sable sous un éternel soleil d’été » ; finalement, « ces gosses qui se battent contre un destin féroce m’ont taillé une encoche dans la mémoire ! Que je le veuille ou non, ils sont avec moi et je suis avec eux », écrit-il. Sans impudeur ni sentimentalisme inutile, le document montre avec justesse le travail collaboratif complexe de ces clowns au sein des services hospitaliers.
« Le travail des clowns auprès des enfants est tout aussi important que celui du psychologue ou de l’instituteur. Moi je suis pour les clowns fonctionnaires à l’hôpital public », n’hésite pas à affirmer le Pr Fischer.
Bernard Mathieu, Jacques Grison, « Nez rouges, Blouses blanches - 20 ans de Rire médecin », les Éditions nouvelles, 208 p., 29,90 euros.
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