Une société savante américaine dénonce un « surdépistage » du cancer du col de l’utérus

Publié le 30/04/2015

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L’American College of Physicians (ACP), en association à l’American Congress of Obstetricians and Gynecologists et à l’American Society for Clinical Pathology, vient de publier dans « Annals of Internal Medicine » des recommandations sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, qui serait réalisé trop fréquemment aux États-Unis, selon la société savante.

« Historiquement, les médecins adhèrent peu aux recommandations de dépistage du cancer du col de l’utérus, commente le Dr David Fleming, président de l’ACP, en commençant trop tôt, en le faisant trop souvent et en continuant à le proposer à des femmes à faible risque, que ce soit en raison de l’âge ou après hystérectomie totale ».

Un dépistage tous les 5 ans dès 30 ans

L’ACP recommande de commencer le dépistage à l’âge de 21 ans et de le réaliser par un frottis cervico-vaginal (FCV) avec cytologie seule tous les 3 ans. Chez les femmes de 30 ans et plus qui souhaitent espacer le dépistage, il est possible de proposer un dépistage tous les 5 ans par l’association cytologie + test HPV. Le dépistage ne devrait plus être proposé chez les femmes de plus de 65 ans, si leurs 3 dernières cytologies ou si leurs 2 derniers tests HPV de la décennie passée (avec le plus récent dans les 5 ans) sont revenus négatifs. La société savante américaine insiste sur le fait qu’il ne faut pas dépister les jeunes femmes de moins de 21 ans ni de réaliser un FCV plus d’une fois tous les 3 ans, que le test HPV ne devrait pas être réalisé chez les moins de 30 ans et que le dépistage ne devrait pas être proposé aux femmes ayant eu une hystérectomie totale.

En France, chez les 25-65 ans

Pour le Dr George Sawya, de l’université de Californie, épidémiologiste et médecin de santé publique et co-auteur du texte : « En suivant ces recommandations de bonne pratique de l’ACP, les médecins peuvent prodiguer des soins à valeur élevée en réduisant le sur-dépistage, le surtraitement et des coûts inutilement élevés ». Le dépistage chez les femmes asymptomatiques peut entraîner des inconvénients de gravité variable : désagréments lors de l’examen au spéculum et des colposcopies, douleurs et saignements lors des biopsies cervicales et d’excision thérapeutique, surveillance prolongée, faux positifs, complications obstétricales en cas d’excision.

En France, le dépistage du cancer du col de l’utérus repose sur un FCV tous les 3 ans de l’âge de 25 à 65 ans (après deux FCV normaux réalisés à 1 an d’intervalle), le test HPV étant réservé à la seconde intention en cas de frottis ASCUS.

Annals of Internal Medicine, publié en ligne le 30 avril 2015
Dr Irène Drogou

Source : lequotidiendumedecin.fr