Un diagnostic précoce et « décentralisé » est l'un des défis pour l'éradication du virus de l'hépatite C (VHC) dans les pays aux ressources limitées.
Des chercheurs de l'Institut Pasteur et de l'INSERM, en collaboration avec la société anglaise Genedrive, ont développé un test de dépistage VHC, transportable, rapide et fiable, pour toucher les populations dont l'accès aux soins est restreint.
Avec une spécificité de 100 % et une sensibilité de 98,6 %, ce nouveau test de détection, présenté dans « Gut », répond aux exigences de l'OMS. La prise en charge peut être immédiate avec une mise en place sans tarder d'un traitement antiviral.
Un test rapide par PCR
« L'objectif de notre kit est de pouvoir poser le diagnostic au plus près des populations où la prévalence de l'infection chronique est élevée, explique Darragh Duffy, de l'unité d'immunobiologie des cellules dendritiques. Ce test porte l'espoir de pouvoir aller dans les zones rurales éloignées des structures classiques de soins. Ce peut être en Europe dans le cadre de grandes campagnes de dépistage mais c'est dans les pays en développement que l'application est la plus intéressante ».
Actuellement, le diagnostic se fait en deux temps. D'abord par la mesure des anticorps spécifiques dirigés contre le VHC. Mais, comme ce test ne permet pas de déterminer si l'infection est ancienne avec rémission spontanée ou s'il s'agit d'une infection chronique, le diagnostic doit être confirmé par la recherche d'ARN viral par PCR.
Ce nouvel outil se distingue des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) déjà existants. Les TROD détectent rapidement les anticorps au VHC mais sans confirmation par PCR, une étape qui nécessite des infrastructures dédiées et du personnel qualifié. « Notre test repose sur la détection de l'ARN viral, poursuit le chercheur. Il n'y a pas de détection des anticorps ». La PCR est réalisée dans le kit miniaturisé équipé d'un ventilateur, ce qui permet la succession de 40 cycles nécessaires. « À chaque cycle, il y a doublement des nucléotides », précise Darragh Dufy. L'analyse est réalisée en une heure environ.
Une étape intermédiaire dans les laboratoires
Le kit d'analyse est très léger (600 grammes). « Le système est fonctionnel, développe le chercheur. L'analyse se fait à partir du plasma, ce qui nécessite une étape pour l'extraire du sang. Une petite machine portative est en développement, il faut l'attendre pour pouvoir l'utiliser au plus près des populations. Aujourd'hui, notre kit peut être utilisé dans les laboratoires des pays en développement. Car si peu d'entre eux ont l'équipement pour la recherche par PCR de l'ARN viral, la très grande majorité est équipée pour extraire le plasma ».
Les chercheurs ont d'abord validé cliniquement le test sur des cohortes de l'Institut Pasteur en France et du National Health Service de Nottingham au Royaume-Uni, puis avec les données du Lancet Laboratories de Johannesburg avec des échantillons provenant d'Afrique du Sud, du Kenya, du Ghana, du Nigeria et de l'Ouganda.
Au final, ce type d'appareil est moins cher que les tests actuels qui demandent des infrastructures conséquentes. La réalisation d'un test avec ce kit miniaturisé coûte environ 30-40 dollars, la machine 4 000 à 5 000 dollars. Le kit a obtenu une certification CE pour une distribution en Europe et sera disponible à la vente au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie du Sud-Est, et en Inde, une fois l'autorisation réglementaire locale obtenue.
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