Une équipe de l'INSERM dirigée par Giovanni Marsicano (NeuroCentre Magendie, U1215) vient de mettre en évidence un mécanisme sous-tendant les effets délétères du cannabis sur la mémoire. La perte de mémoire à court ou long terme serait liée à la présence la présence de récepteurs sur les mitochondries. Leurs travaux publiés dans la revue « Nature » montrent pour la première fois une implication directe des mitochondries dans les fonctions supérieures du cerveau, comme l’apprentissage et la mémoire, est montrée.
Le cerveau, grand consommateur d'énergie
Les mitochondries sont les organites intracellulaires chargés de fournir l'énergie indispensable au bon fonctionnement des cellules, donc des organes, en transformant les nutriments en adénosine triphosphate (ATP). À lui seul, le cerveau, qui ne représente que 2 % du poids du corps, consomme jusqu'à 25 % de l'énergie produite par notre organisme. Son équilibre énergétique est donc fondamental et l'on sait que des altérations des fonctions mitochondriales peuvent produire d'importants troubles neurologiques et neuropsychiatriques.
L'étude de l'INSERM est partie des constats que, chez l'Homme comme chez l'animal, la consommation de cannabis entraînait une amnésie et qu'il existe des récepteurs aux cannabinoïdes de type 1 (CB1) aussi bien au niveau des membranes plasmiques des cellules du cerveau (neurones et cellules gliales) que des membranes des mitochondries présentes dans ces cellules.
Le THC : des récepteurs mitochondriaux à l'amnésie
Les chercheurs ont démontré que l'activation, chez des souris normales, des récepteurs CB1 mitochondriaux (mtCB1) par le THC (delta9-tétrahydrocannabinol), le composant actif du cannabis, inhibait, par une cascade de processus biochimiques, le métabolisme énergétique des mitochondries et provoquait l'amnésie. À l’inverse, chez des souris ayant subi une délétion du gène codant le récepteur mtCB1 au niveau de l'hippocampe (la zone du cerveau impliquée dans les processus de mémorisation), la mobilité des mitochondries, la transmission synaptique et le processus de mémorisation n'étaient pas altérés par le THC.
« La diminution de mémoire induite par le cannabis chez la souris exige l'activation de ces récepteurs mtCB1 hippocampiques », explique Giovanni Marsicano, responsable de l'étude. « Leur suppression génétique empêche cet effet induit par la molécule active du cannabis », ajoute-t-il. « Nous pensons donc que les mitochondries développent notre mémoire en apportant de l'énergie aux cellules du cerveau », souligne G. Marsicano.
Cette étude ouvre, selon les chercheurs, la voie à des thérapeutiques à base de cannabinoïdes mieux ciblées, qui permettraient en particulier d'éviter les effets secondaires importants de ces médicaments tels que les déficits de la mémoire.
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