Différents questionnaires ont contribué en 2010 à modifier le diagnostic de la fibromyalgie. Tout d’abord, le questionnaire de dépistage FIRST élaboré par le Pr Serge Perrot. Très rapide (six questions), il s’adresse aux patients qui ont des douleurs chroniques articulaires, musculaires ou tendineuses depuis au moins 3 mois. Sa spécificité et sa sensibilité dépassent 90 % si le patient répond positivement à cinq questions sur les six. En 2010 également, la recherche de zones douloureuses a remplacé celle des points. En effet, les critères ACR de 1990 établissaient une liste de 18 points à rechercher chez les patients ayant des douleurs depuis au moins 3 mois. Certains spécialistes affirmaient que l’existence de 11 points douloureux était indispensable pour le diagnostic. « C’était une erreur, insiste la Pr Françoise Laroche, car ces points fluctuent chez un même patient, ils sont également plus souvent présents chez la femme que chez l’homme et sont dépendants de l’anxiété ».
Un score de sévérité (SSS) fait aussi partie des critères ACR 2010 ; il permet de différencier les formes sévères (30 % des cas) des autres formes. Ce score tient compte des troubles cognitifs, notamment des troubles de concentration et de mémoire, de la fatigue et d’un réveil non reposé.
Les critères 2010 prennent donc en compte le score de douleurs diffuses, le WPI (Widespread pain index coté de 0 à 19) et le score de sévérité (SSS coté de 0 à 12). Lorsque la somme de ces deux scores atteint 12, le diagnostic est confirmé. Le WPI doit être compris entre 4 et 6 et le SS entre 5 et 9 afin d’éviter de porter le diagnostic de fibromyalgie chez des patients qui n’ont pas de douleurs diffuses, mais, par exemple, une dépression avec surtout des signes cognitifs, une fatigue et des troubles du réveil.
Le parcours de soins
Les résultats présentés à l’ACR 2015 d’une étude sur une cohorte de 9 758 patients souffrant de fibromyalgie reflète leur parcours de soins : des explorations itératives, de nombreuses prescriptions médicamenteuses, des diagnostics changeants et des examens par un médecin au moins tous les 50 jours. Cette cohorte indique également que certaines zones douloureuses sont plus fréquemment observées ; des douleurs scapulaires et/ou cervicales sont ainsi 4 fois plus souvent associées à la fibromyalgie chez les patients souffrant de douleurs diffuses.
Concernant les diagnostics différentiels ou associés, il faut insister sur la difficulté pour les rhumatologues de faire la distinction entre une fibromyalgie et un rhumatisme inflammatoire et notamment une spondyloarthrite. En effet, il y a 15 à 45 % de spondyloarthrites et de polyarthrites qui partagent à la fois les critères de la maladie inflammatoire et ceux de la fibromyalgie. En cas d’association, il est impératif de rapporter la part des symptômes présents à une des pathologies afin de traiter efficacement. « Il est possible, explique F. Laroche, que des échecs de biothérapies soient liés au fait que des douleurs attribuables à la fibromyalgie soient au premier plan alors que l’inflammation s’améliore, ce qui amène le médecin à intensifier à tort le traitement du rhumatisme inflammatoire ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation