Selon les résultats de l'étude CLEAN 3, publiés dans le « Lancet Infectious Diseases » et menée par des médecins du CHU de Poitiers, l'utilisation de chlorhexidine 2 % et d'alcool, associée à de nouvelles technologies de cathétérisation, constitue un bon moyen de réduire le risque d'infection sur cathéter périphérique.
L'efficacité de la chlorhexidine constatée dans cette étude conforte les recommandations actuelles qui se basaient sur les données de la première étude CLEAN-1, publiée en 2015. Menée par la même équipe de Poitiers, elle avait démontré l'intérêt de cet antiseptique dans la désinfection de cathéters veineux centraux, de cathéters utilisés lors d'une hémodialyse ou de cathéters artériels. « Il fallait vérifier que c'était aussi le cas avec les cathéters posés en voie veineuse périphérique », explique au « Quotidien » le Pr Olivier Mimoz, chef du service des urgences adultes SAMU-SMUR au CHU de Poitiers qui a dirigé l'étude.
Un sujet peu exploré
Bien qu'il s’agisse d'une des procédures médicales les plus communes en milieu hospitalier, très peu d'études sont menées sur la sécurité des cathéters veineux périphériques. En dehors du travail réalisé par les médecins de Poitiers, seule une étude entreprise par un collectif infirmier australien s'est sérieusement penchée sur la question.
Et pourtant, il y a de la marge de progression : « Toutes les études disponibles vont dans le même sens, poursuit le Pr Mimoz. La moitié des cathéters vont défaillir avant la date de fin de leur utilisation et cela survient en moyenne moins de deux jours après leur pose. Les complications sont donc fréquentes et précoces, quel que soit le pays considéré. Ces échecs représentent du temps perdu pour les personnels de santé, et des souffrances supplémentaires pour les patients, surtout pour ceux qui ont un accès vasculaire difficile. »
Les auteurs poitevins ont recruté 1 000 patients adultes admis en réanimation répartis aléatoirement en quatre groupes : deux de ces groupes ont bénéficié d'une désinfection utilisant une solution associant povidone iodée 5 % et alcool et les deux autres ont bénéficié d'une solution de chlorhexidine 2 % et d'alcool. Dans la moitié des cas, des cathéters classiques ont été employés, et des « techniques innovantes » dans l'autre moitié.
La technologie des cathéters évolue
Derrière le terme « techniques innovantes », les auteurs regroupent plusieurs technologies : cathéters intégrés fermés et valves bidirectionnelles neutres dotées d’un capuchon antiseptique. De plus, un rinçage pulsé était réalisé avant et après chaque administration de médicament.
Les infections étaient moins fréquentes quand on utilisait de la chlorhexidine (aucun patient concerné sur 496 contre six patients sur 493 patients avec la povidone iodée). De même, les taux de colonisation des cathéters étaient significativement différents : 1 % dans le groupe avec chlorhexidine contre 17 % dans le groupe sous povidone iodée. L'utilisation de nouvelles technologies de cathétérisation était associée à un allongement de la durée médiane écoulée entre la pose du cathéter et son retrait pour cause de complication : 50,4 heures contre 30 heures avec les cathéters classiques, soit presque une journée de gagnée sur des cathéters qui sont censés rester en place jusqu'à quatre à sept jours selon les recommandations.
« De telles nouvelles technologies sont un peu plus coûteuses, quelques euros de plus par cathéter, explique le Pr Mimoz. Compte tenu du très grand nombre de cathéters posés chaque année dans un CHU, cela représente un investissement important. C'est pourquoi nous souhaitons maintenant réaliser une étude médico-économique qui comparera ce surcoût à l'économie réalisée en évitant des infections, en traitements et en temps infirmier », précise-t-il.
Les équipes coordonnées par le Pr Mimoz vont également mener une autre étude visant à évaluer l'intérêt du Dakin (concentré d'hypochlorite de sodium) comme antiseptique pour éviter les complications infectieuses à la suite de la pose d'un cathéter. « De tels travaux sont de nature à changer les pratiques, espère l'anesthésiste, nous devons définir quelle est la meilleure stratégie de préparation de la peau ».
L'étude publiée par les médecins du CHU de Poitiers a été financée par le fabriquant de matériel médical Becton Dickinson.
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