Née il y a 4 ans, l’infrastructure nationale Biobanques vise aujourd’hui à augmenter ses collections grâce à une meilleure information à destination des donneurs potentiels. Au final, l’objectif est de pérenniser le réseau est de renforcer sa compétitivité dans un secteur devenu incontournable pour la recherche.
Depuis sa création, en 2011, suite à l’appel à projets « Investissements d’Avenir », l’infrastructure Biobanques, financée à hauteur de 17 millions d’euros pour 10 ans par l’Agence nationale de recherche (ANR), a bien grandi : elle coordonne désormais 82 structures de conservation d’échantillons biologiques anonymisés, réparties sur tout le territoire – soit 90 % des biobanques françaises. Par ailleurs, 700 équipes de recherches sont impliquées dans le projet et 600 programmes utilisent les échantillons issus des centres français.
Pour Georges Dagher, chercheur à l’INSERM et directeur de Biobanques, « l’intérêt de ce projet est directement lié au changement de paradigme qui s’est opéré au sein de la recherche. La compétition individuelle a laissé la place à la compétition d’équipes organisées en réseaux ». L’accès rapide à des échantillons de tissus, d’ADN ou encore de plasma sanguin de qualité est en effet devenu le passage obligé pour de nombreuses équipes de recherche, entérinant le besoin pressant de coordination dans ce secteur.
Outre une réduction des coûts apportée par une harmonisation accrue entre les différents centres du réseau et une mutualisation des ressources, l’objectif est également de normaliser la qualité des échantillons par la mise en place de procédures appropriées. Dans ce domaine, G. Dagher reconnaît que notre pays avait un déficit à combler : « En France, il n’y avait jusqu’à présent qu’un petit pourcentage de prélèvements répondant aux standards internationaux. » L’introduction successive de plusieurs normes au sein des biobanques est la réponse apportée pour résoudre le problème.
Méconnaissance du public et réticence de certains professionnels
Si Biobanques a réussi en quelques années seulement à structurer de manière cohérente et efficace les centres français de conservation des échantillons biologiques, il est un paramètre crucial sur lequel il n’a quasiment aucune prise : les dons émanant des patients malades ou des personnes saines. Comme le rappelle G. Dagher, « seuls 20 % des Français connaissent l’existence des biobanques, contrairement aux pays scandinaves où ce taux atteint près de 70 % de la population ».
Une méconnaissance générale qui, liée à une législation sur le consentement qui associe le prélèvement à un programme de recherche spécifique, avec très peu de possibilités d’en modifier la destination, pose certains problèmes. Marie-Claire Artaud-Botté, coordinatrice de Neuro-Ceb, la seule biobanque française de cerveaux, située au sein de l’ensemble de la Pitié-Salpêtrière (Paris), confirme cet état de fait : « Si nous disposons de nombreux échantillons issus de personnes malades grâce au travail de recrutement effectué par les 4 associations de patients à l’origine de cette biobanque, nous manquons d’échantillons témoins issus de personnes saines qui sont indispensables aux chercheurs pour effectuer un travail comparatif. »
Dans d’autres domaines comme la psychiatrie, la réticence de certains praticiens qui constitue un frein supplémentaire. Pour le Professeur Marie-Odile Kreps, PU-PH à l’Université Paris-Descartes et au Centre hospitalier Sainte-Anne (Paris), « alors que les pathologies psychiatriques représentent 20 % des dépenses de santé, qu’un tiers des patients est résistant aux traitements, et que les industriels du médicament se désengagent de plus en plus de cette spécialité, il est aujourd’hui indispensable d’améliorer la modélisation pour prévenir l’évolution de certaines pathologies. Une des voies de recherche en ce sens est la phénomique, qui requiert le recours à l’analyse d’échantillons biologiques pour mettre en évidence des biomarqueurs prédictifs. Malheureusement, en dehors des problèmes particuliers à notre discipline du recueillement du consentement, une partie de la communauté des psychiatres reste encore peu encline au développement de la recherche en génétique dans ce domaine ».
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