Le gouvernement joue avec le feu. Il a choisi sans état d’âme d’alarmer l’opinion en mettant un peu plus le doute chez les patients, déjà suffisamment ébranlés par les répercussions de l’affaire du Mediator. L’opération « médicaments sous surveillance », lancée à grand renfort d’effets de manches, ressemble davantage à une campagne de communication qu’à une mission d’information. Des responsables de santé publique ne s’y trompent pas, qui ont rapidement mis en garde les patients contre un arrêt de leur traitement. Et cependant, on a tout fait pour. La confusion créée par la composition même de cette liste de 77 médicaments est grande et risque d’accroître l’inquiétude des malades.
Une situation d’autant plus délétère que les médecins ont une nouvelle fois été complètement ignorés par les pouvoirs publics et ont pris connaissance de cette liste en regardant le journal de 20 heures, comme le dit, fâché, un syndicaliste. Le précédent de la vaccination de la grippe H1N1 n’a pas servi de leçon. C’est grave. Ce sont les médecins qui aujourd’hui, demain, devront déployer les efforts pour rassurer des patients déconcertés, décontenancés, déstabilisés même par les informations contradictoires qui leur sont assénées.
Xavier Bertrand, à son arrivée au ministère de la Santé, s’était engagé à renforcer le dialogue avec les médecins. Il a perdu là une belle occasion de le faire et a commis une faute. Les politiques ont une nouvelle fois montré leurs limites : sous prétexte de jouer la carte de la transparence pour conquérir la confiance des patients, ils risquent au contraire de créer l’angoisse.
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