LE TAUX de mortalité de la variole atteint près de 30% chez les sujets à risque. L’éradication de la maladie (en 1977) a été rendue possible par l’utilisation du vaccin Dryvax. Le vaccin actuellement disponible (ACAM 2000, dérivé de l’ancien Dryvax), bien que d’une grande efficacité, serait contre-indiqué, en cas d’attaque bioterroriste, chez un quart de la population à risque (en particulier les femmes enceintes). En ce qui concerne la protection contre une attaque potentielle par le bacille du charbon, les antibiotiques seraient largement insuffisants (même en cas de couverture antibiotique, la mortalité pourrait atteindre 60 à 70%).
Le gène PA de B. anthracis.
Le vaccin existant contre le charbon (Biothrax ou AVA) présente de nombreux inconvénients (variation d’efficacité en fonction des lots, nécessité de multiples doses,...), en plus de ses effets secondaires.
L’équipe de Tod Merkel a développé le double vaccin contre la variole et le charbon à partir d’un vaccin candidat contre la variole déjà testé avec succès chez le singe cynomolgus (Wyeth/IL-15) qui intègre l’IL-15, une puissante cytokine immunostimulante. Le nouveau vaccin (Wyeth/IL-15/PA) a été préparé en associant, à ce premier vaccin, le gène PA (antigène protecteur) de B. anthracis.
Les chercheurs ont d’abord vérifié que le vaccin Wyeth/IL-15/PA induit une forte expression de PA. Ils ont ensuite évalué, chez des lapins, son pouvoir immunogène, dans une étude comparative avec le vaccin du commerce Biothrax/AVA. Les titres d’anticorps anti-PA sont significativement supérieurs 28 jours après la primo-vaccination (46 220 vs 16 220 pour le vaccin Biothrax/AVA, p=0,038) et ils le sont encore 21 jours après la dose de rappel (515 600 vs 275 600, p=0,012). Le pouvoir immunogène de Wyeth/IL-15/PA est donc supérieur à celui du vaccin actuellement disponible contre le charbon, lors d’un schéma vaccinal à une ou à deux doses. Curieusement, le taux des anticorps neutralisants la toxine ne reflète pas cette supériorité (il est significativement inférieur à celui obtenu avec Biothrax/AVA). Les auteurs suggèrent que la protection induite par le vaccin Wyeth/IL-15/PA intervient à un stade précédant la multiplication végétative de la bactérie, et que l’action anti-spore des anticorps spécifiques du PA pourrait prédominer sur l’activité contre la toxine.
Réponse immune forte à six mois.
Le vaccin a ensuite été testé après une contamination par inhalation de la souche hypervirulente Ames de B. anthracis, 21 jours après la deuxième dose vaccinale. Les cultures des neuf lapins vaccinés par Wyeth/IL-15/PA étaient négatives six jours après le contact alors qu’un des animaux du groupe vacciné par Biothrax/AVA présentait une bactériémie à B. anthracis. Ces résultats ont été confirmés et renforcés lors de l’évaluation du vaccin chez le modèle murin A/J avec, en particulier, l’observation du maintien d’une réponse immune forte six mois après la vaccination.
Dans l’éventualité d’un scénario bioterroriste, la rapidité d’action du vaccin administré après l’attaque est un atout essentiel. Les auteurs montrent que le vaccin Wyeth/IL-15/PA induit la production d’anticorps anti-PA après une seule dose dès le troisième jour, alors que le même résultat prend plus d’une semaine chez les souris vaccinées par Biothrax/AVA. Les travaux américains indiquent, enfin que, trois jours après une contamination par 20 DL50 de spores, 33% des souris vaccinées par Wyeth/IL-15/PA ou par MVA/IL-15/PA (basé sur le virus Ankara modifié) survivent alors que le taux de survie est de 10% chez les souris vaccinés par Biothrax/AVA. La même différence significative est observée au 6ème jour après vaccination, avec des taux respectifs de survie de 65% et 35%.
Enfin, la possibilité de lyophiliser le virus de la vaccine Wyeth, sans réduction de son pouvoir immunogène, permettrait de simplifier les conditions de son stockage, un aspect essentiel dans l’éventualité d’une attaque bioterroriste.
Merkel TJ , Perera P et coll. Proc Natl Acad Sci USA (2010) Publié en ligne.
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