LE MOT « méningite » a toujours fait peur et on comprend pourquoi, même s’il ne faut bien sûr pas confondre infection invasive à méningocoques (IIM) et méningites, ces dernières n’étant pas toujours dues au méningocoque et ce dernier pouvant engendrer d’autres formes graves d’infection invasive à commencer par le purpura fulminans.
En réalité, quand on parle de méningocoque, on regroupe 12 sérogroupes dont 5 seulement peuvent engendrer des pathologies invasives (A, B, C, Y, et W-135). Premier élément déroutant, la part de responsabilité de chacun de ces sérotypes varie en fonction de l’aire géographique : c’est le sérogroupe A qui règne dans la ceinture africaine de la méningite ; aux États-Unis, les sérogroupes B et C dominent, règle qui s’applique à la France.
Mais ces données générales recouvrent des variations importantes en fonction de l’âge. Ainsi, en France, les IIM dues au sérogroupe B (69 % globalement) sont 5 fois plus fréquentes chez le nourrisson qu’à l’adolescence, alors que l’incidence des IIM dues au sérogroupe C reste relativement stable (la petite enfance et l’adolescence étant les deux premiers pics d’IMM).
Des conséquences cliniques majeures.
Ces variations épidémiologiques pourraient n’intéresser que les bactériologistes si elles n’avaient pas de conséquences cliniques importantes. En effet, les complications graves sont plus fréquentes avec le sérogroupe C : la létalité est de 19 %, contre 9 % avec le sérogroupe B (et même, 32 % et 15 %, chez les plus de 50 ans). Une différence qui s’explique essentiellement par la plus grande fréquence du purpura fulminans (39 % contre 29 %).
Chez les survivants, les séquelles sont également plus graves avec le sérogroupe C, qu’il s’agisse des cicatrices, des amputations et des séquelles multiples.
Ainsi, le sérogroupe qui inquiète le plus n’est pas le plus souvent rencontré, raison pour laquelle le Haut Conseil de la santé publique à aligner la France sur les nombreux autres pays qui avaient généralisé la vaccination antiméningoccique C (d’autant que l’on ne dispose pas de vaccin antiméningoccique B).
L’épée de Damoclès.
Deux autres données justifient cette évolution :
-on sait que 10 % de la population, environ, est porteuse asymptomatique ce qui représente une source potentielle considérable de contamination, tout particulièrement au décours d’une infection grippale ;
-depuis 2002, date à laquelle les vaccins antiméningococciques C conjugués ont été introduits en France -mais uniquement pour les sujets à risque- on a vu se multiplier des alertes épidémiques dans différentes régions et on a assisté à l’émergence d’un nouveau clone qui semble particulièrement virulent (or il est sensible à la vaccination).
Surtout, globalement, la France qui avait une incidence particulièrement faible de méningite C a vu celle-ci augmenter, pour passer de 0,164 à 0,278/100 000 habitants de, 1999 à 2006. « Certes, ce n’est toujours pas beaucoup, reconnaît le Dr Minodier, mais, au même moment, on observait une tendance inverse dans 13 pays ayant généralisé la vaccination, en particulier au Royaume-Uni, pays initialement le plus touché et où l’incidence est passée de 1,84 à 0,053/100 000 ».
Une expérience vaccinale concluante au plan de l’efficacité mais aussi de la tolérance. Si l’on ajoute à cela que la forme conjuguée permet une seule injection que l’on pratique dés l’âge de un an (les Anglais ont même vacciné plus tôt, compte tenu de la situation d’urgence, sans problème particulier) avec un rattrapage préconisé jusqu’à 24 ans – et qu’une co-administration est possible avec la grande majorité des vaccins pédiatriques (pentavalent/hexavalent, PCV, ROR, hépatite B), on comprend l’évolution de la stratégie vaccinale dans notre pays.
(1) Réunion organisée avec le soutien institutionnel des laboratoires Pfizer.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes