LA MESURE est venue sur le tard. « Pourquoi vacciner les hospitaliers à partir du 20 octobre et attendre le 12 novembre pour les libéraux, pourtant en première ligne ? », demande le Dr José Cucheval, de l’URML de Picardie ? Le tir a donc été rectifié in extremis. À la lecture des dernières données de l’InVS, qui enregistrent une intensification de l’épidémie, le comité de pilotage, convoqué mercredi dernier pour le lendemain, a donc acté la demande présentée depuis quelque temps par les syndicats. Les libéraux peuvent se faire vacciner avant l’ouverture des centres dédiés, jusqu’au 10 novembre, dans certains hôpitaux. « L’oubli est réparé, mieux vaut tard que jamais », commente le Dr Roger Rua (SNL). « Tant pis si, pour l’heure, les personnels des cabinets ont été oubliés, déplore le Dr Martial Olivier-Koehret (MG France). Et surtout, ajoute-t-il, si la communication des autorités de santé reste toujours aussi mauvaise ».
« Le Pr Didier Houssin (Directeur général de la santé) nous a en quelque sorte renvoyé le bébé, pour relayer le message auprès de nos adhérents », constate le Dr Thierry Lebrun (MG France). « Compte tenu du contexte épidémiologique, explique le Dr Pierre Lévy (CSMF), avec 95,5 % des syndromes grippaux qui seraient liés au H1N1, nous avons mis l’information en ligne sur notre site ». Des URML ont adressé une newsletter à leurs membres. Et un message « DGS Urgent » a été envoyé aux médecins inscrits. Mais tous les libéraux ont-ils eu accès à l’information ? Les syndicats en doutent. Et ils déplorent que les modalités de la vaccination s’apparentent à « un jeu de piste, ou à un parcours du combattant » (Dr Lebrun). « Il faut se renseigner sur les hôpitaux qui vaccinent*, rappelle le Dr Lévy, appeler le standard, demander le référent grippe, l’interroger sur les horaires d’ouverture, se rendre à l’établissement dans les créneaux disponibles et réceptionner un bon pour une deuxième injection dans les centres dédiés, selon qu’elle sera nécessaire ou non, en fonction de l’arbitrage qui aura été rendu entre les avis différents de l’OMS et de l’Agence européenne du médicament ».
Visiblement, la procédure connaît des ratés. Lundi, dès le premier jour, l’URML de Picardie a été sollicitée par plusieurs praticiens dont les demandes de vaccination n’avaient pas abouti auprès d’hôpitaux périphériques. Vérifications faites, ces établissements ne disposaient pas de services de vaccination.
L’URML de la Réunion s’oppose à la vaccination de masse.
Les dysfonctionnements surviennent alors que la polémique sur la vaccination de masse bat son plein. L’URML de La Réunion, première à rompre le consensus, monte au créneau et « s’oppose » publiquement « à la vaccination de masse, telle qu’elle a été programmée par les pouvoirs publics ». Elle « relève que cette opération est controversée dans les milieux scientifiques et les organisations compétentes, aussi bien dans son utilité que dans son innocuité, dénonçant un coût exorbitant pa rapport au bénéfice attendu. »
Sans aller jusque-là, le Dr Cucheval, tout en se refusant à la polémique, ne peut que « déplorer que les médecins libéraux n’aient pas été associés plus étroitement à l’organisation du dispositif anti pandémie, dont l’organisation reste très hospitalo-centrée ».
Les libéraux, affrontés personnellement sur le terrain à une recrudescence de la circulation du virus, seront-ils, quoi qu’il en soit, plus nombreux à se faire vacciner que les hospitaliers ? Un premier bilan chiffré devrait être établi la semaine prochaine.
* Liste disponible sur le site « Nouvelle grippe A/H1N1 » du ministère
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