Après la fermeture estivale d’une demi-douzaine de services d’urgences, faute de médecins pour assurer la prise en charge des patients, SAMU-Urgences de France sonne l’alarme dans un livre blanc présenté ce jeudi, qui décline 20 propositions pour rénover la maison « urgences » de la cave au grenier.
Le syndicat du Dr François Braun y dresse un état des lieux implacable de l’ensemble des structures répondant aux demandes de soins urgents et non programmés, en saturation permanente (lire nos repères). Des structures également inadaptées à la nature même du soin, en pleine mutation (déclin de la traumatologie routière, développement de l’hospitalisation à domicile, vieillissement de la population).
Pour prendre en compte cette réalité, une réorganisation à l’échelle des territoires et une meilleure coordination dans une logique du parcours de soins est nécessaire, plaide SAMU-Urgences de France.
Régulation médicale centralisée
La première des réformes à engager consiste à clarifier les missions des acteurs de la régulation médicale avec la création d’une plate-forme « SAMU-santé », joignable via un numéro d’appel unique : le 113. Le 112 serait attribué aux secours, le 114 aux personnes déficientes auditives et le 115 au social.
SAMU-Urgences de France veut également sécuriser l’accès aux structures d’urgences dans les territoires les plus reculés. À cet égard, la formation de 700 nouveaux médecins généralistes correspondants du SAMU (MCS), promesse de François Hollande liée à son engagement d’un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes, va dans le bon sens. Au nombre de 265, ces médecins volontaires sont trop peu nombreux et bénéficient d’une rémunération hétérogène dans sa forme (vacation, mission), comme dans son montant (70 à 250 euros), au bon vouloir des agences régionales de santé. A défaut de généralistes libéraux, le syndicat suggère d’ouvrir le statut MCS aux professionnels salariés (médecins scolaire, du travail, des armées) ou d’EHPAD. « Les MCS annulent l’intervention du SMUR dans un tiers des cas, leur action génère des économies », souligne le Dr François Braun. L’utilisation accrue des HéliSmur permettrait de renforcer ce maillage territorial.
Une lettre clé pour la PDSA
La permanence des soins ambulatoires (rebaptisée « pérennité des soins ») est une autre préoccupation. « Le dispositif de médecine libérale ne permet plus de répondre en tout point et en toute heure aux demandes de soins non programmés de nos concitoyens », lit-on dans le livre blanc. Afin de doper la participation des médecins de ville à la PDSA, la création d’une codification spécifique (lettre clé « acte non programmé »), déjà suggérée dans le rapport Grall sur la territorialisation des urgences, est une « idée intéressante » à soumettre aux syndicats représentatifs.
Le « ménage » doit aussi être fait dans les hôpitaux et cliniques, suggère le rapport. Pour permettre aux médecins urgentistes de se recentrer sur leur cœur de métier, la gestion des lits d’aval doit incomber au personnel administratif ou soignant uniquement. Dans la même veine, le transfert de certaines tâches (dispensation d’antalgiques, immobilisation après diagnostic et prescriptions anticipées de radiographie pour la traumatologie périphérique par un personnel infirmier formé) doit être formalisé.
D’autres mesures sont avancées comme la mise en place « dès maintenant » du DES de médecine d’urgence ou la création d’équipes d’urgentistes de territoire sur la base de projets médicaux partagés.
Reste la question centrale du financement. Alors que le gouvernement vient de confirmer un objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) historiquement bas pour l’hôpital, SAMU-Urgences de France réclame une enveloppe « pérenne » pour les structures d’urgence « en adéquation avec leurs organisations et leurs activités ». En 2015, l’enveloppe « MIGAC » allouée au SAMU était de 241 millions d’euros.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes