LE TÉTANOS est une maladie grave, non transmissible, ne conférant aucune immunité de groupe. La porte d’entrée - une effraction cutanée ou muqueuse - est une blessure, même minime ou punctiforme, dans près de 7 cas sur 10. Il peut également s’agir d’une plaie chronique comme des ulcères de jambe. Une fois sur trois, cette porte d’entrée ne peut pas être identifiée. La gravité de la maladie implique une hospitalisation en soins continus ou en réanimation. La létalité est en effet de l’ordre de 20 à 30 %. Mais tous les cas sont évitables…
Le développement du tétanos requiert trois conditions. La première est une vaccination antitétanique incomplète ou absente. Or, une enquête régionale très récente a montré que la couverture vaccinale antitétanique n’est que de 44 % chez des résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées (1). La pénétration des spores dans l’organisme constitue la seconde condition, la dernière étant une plaie en conditions d’anaérobie.
En France, l’incidence de la maladie est de 0,13 à 0,28 cas déclaré par million d’habitants entre 2005 et 2007 (2). Il s’agit 9 fois sur 10 de sujets âgés de 70 ans ou plus, et 3 fois sur 4 ce sont des femmes. En effet, celles-ci moins bien protégées que les hommes, qui étaient jusqu’à présent revaccinés lors du service national dans le cadre du calendrier vaccinal dans les armées, conformément à la circulaire ministérielle du 14 décembre 2007. Celle-ci précise en effet qu’une vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche doit être effectuée en l’absence de preuve écrite de vaccination ou de rappel de plus de dix ans.
Pas de vérification du calendrier vaccinal.
Mais le service militaire a été suspendu en 1998 et remplacé par une « Journée d’appel de préparation à la défense » (JAPD), qui est une session de formation théorique brève à laquelle les Français doivent participer avant leur dix-huitième anniversaire. Or, au cours des JAPD, aucune vérification du calendrier vaccinal n’est malheureusement prévue, ce qui est regrettable, notamment concernant le tétanos, mais aussi la rougeole et la coqueluche.
C’est pourquoi il est nécessaire de rappeler que cas et décès peuvent être « évités par une meilleure application de la politique des rappels antitétaniques et, en cas de plaie, par la vaccination et l’administration d’immunoglobulines spécifiques humaines selon le protocole recommandé » (1).
La prévention est bien codifiée.
Les protocoles relatifs à la prévention du tétanos sont bien codifiés (3). La vaccination (3 injections à un mois d’intervalle) doit être généralisée dès l’âge de 2 mois. Un premier rappel complète la primovaccination entre 16 et 18 mois, puis les rappels sont recommandés à 6 ans, 11-13 ans, 16-18 ans, puis tous les dix ans après 18 ans. Une attention toute particulière doit être portée aux personnes âgées.
Chez l’adulte, en cas de statut vaccinal inconnu, d’absence de vaccination ou de retard dans les rappels supérieur à vingt ans, une primovaccination s’impose (2 doses à 1 mois d’intervalle), suivie d’un rappel à 1 an puis tous les dix ans. Si le retard dans les rappels est inférieur ou égal à vingt ans, une dose doit être administrée.
En cas de plaie tétanigène, mais aussi si son débridement est retardé ou incomplet, en plus du nettoyage, de la désinfection et du parage de la plaie, une antibiothérapie peut être proposée. La mise à jour de la vaccination est impérative, de même que l’administration d’immunoglobulines humaines en cas de calendrier vaccinal incomplet ou inconnu. L’hospitalisation dans une unité de soins continus ou en réanimation doit être systématique.
(1) Tiv M, et coll. Couvertures vaccinales anti-pneumococcique et antitétanique chez les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées de Bourgogne et Franche-Comté, France, 2009. Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice. Bull Epidemiol Hebd 2009 ; 4 : 25-8.
(2) Antona D. Le tétanos en France en 2005-2007. Bull Epidemiol Hebd 2008 ; 30-31 : 273-5.
(3) Antona D, Renault A. Prévention du tétanos. Rev Prat 2007 ; 57 (2) : 211-6.
Dr Denise Antona : pas de conflit d’intérêt déclaré.
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