Une grève peut en cacher une autre. Les urgentistes ont levé leur préavis de grève après avoir trouvé un accord avec le gouvernement sur le temps de travail.
C’est au tour des médecins libéraux de se faire entendre. Ce mardi, les généralistes ont commencé à fermer leur cabinet et à entamer la grève des gardes, un mouvement programmé jusqu’au 31 décembre, pour s’opposer au projet de loi de santé du gouvernement et réclamer une revalorisation tarifaire. La contestation, qui réunit l’ensemble des syndicats de médecins libéraux (CSMF, SML, FMF, SML) et de l’UFML, verra l’entrée en grève des spécialistes à partir de demain.
Des manifs en région
À l’appel de cette première journée de fermeture, MG France a affirmé ce mardi que la grève était bien suivie,avec une mobilisation oscillant« entre 40 et 80 % des cabinets fermés ». Cette estimation est effectuée par le syndicat à partir de son réseau d’adhérents et des remontées du terrain, les médecins libéraux n’ayant pas l’obligation de se déclarer grévistes comme les salariés (sauf s’ils sont inscrits dans un tour de garde).
MG France a présenté ce mardi des taux de fermeture de cabinets dans plusieurs départements ou régions : le Morbihan (80 %), le Limousin (75 %), le Rhône (70 %), la Loire Atlantique, la Vendée, l’Alsace et la Corse (60 %), les Alpes-Maritimes (55 %)...
Plusieurs manifestations sont programmées ce mardi devant des agences régionales de santé (Limousin, Rhône-Alpes...) ou des caisses primaires. Le syndicat affirme que la grève des gardes entraîne « quelques tensions » en Languedoc-Roussillon et en PACA.
Appel à François Hollande
Avec ce mouvement, MG France espère faire entendre aux pouvoirs publics le désarroi de la médecine générale française, « parmi les plus mal payées d’Europe ». Les généralistes s’opposent à un tiers payant généralisé obligatoire qui leur ajouterait de la paperasse, ne veulent pas que la vaccination soit confiée aux pharmaciens ou d’un système de santé trop administré avec les agences régionales de santé omnipotentes.
« Le problème dépasse la loi de santé, affirme le président du syndicat, le Dr Claude Leicher : les généralistes ne disposent pas des moyens de travailler, 2/3 n’ont pas de secrétaire et la démographie médicale se casse la figure. Pas seulement en zone rurale. Des villes moyennes ne trouvent pas de remplaçants aux généralistes qui partent à la retraite. On ne peut pas engager de virage ambulatoire sans la médecine générale. » Le président de MG France souhaite une intervention du président de la République en faveur de sa spécialité. Il met en garde : « Aujourd’hui, si les médecins généralistes ne sont pas remplacés, c’est le secteur I qui va disparaître ! »
Un plan Marshall
MG France demande que la consultation soit portée à 25 euros (elle est à 23 euros depuis 4 ans), que le montant du forfait ALD, fixé à 40 euros par patient et par an depuis 2005, soit relevé et que les indemnités kilométriques, bloquées depuis 1996, soient revalorisées. « Il faudrait investir 500 millions d’euros sur les médecins généralistes pendant les 10 prochaines années pour revaloriser la spécialité », affirme le Dr Leicher.
Les parlementaires semblent prendre la mesure de l’exaspération de la profession. Hier, le député socialiste de Haute Garonne, Gérard Bapt, a réclamé l’ouverture d’une négociation tarifaire avec les médecins généralistes.
La mobilisation de la profession, cette semaine, pourrait donc être décisive. MG France a toutefois programmé une nouvelle journée de grève le 6 janvier et probablement le 21 janvier.
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