C’est la toute dernière mode en Italie : le selfie dans les blocs opératoires. Depuis deux ans, les chirurgiens ont pris l’habitude de se photographier devant les patients avant, pendant ou après l’intervention et de les publier sur Facebook et Instagram ou sur leurs blogs.
Certaines font d’ailleurs un véritable tabac comme celles d’une équipe médicale les gants tachés de sang faisant « coucou » devant l’objectif en agitant un bistouri. D’autres en revanche choquent comme celle de cette équipe médicale en train de sourire devant la caméra d’un téléphone mobile avec en premier plan, un patient qui mourra quelques heures après l’intervention.
Dignité des malades
Cette habitude qui vient paraît-il de l’Empire du milieu où une équipe médicale chinoise a été licenciée pour une histoire de selfie afin de donner l’exemple, est en train de faire des ravages en Italie. Au point d’ailleurs, que la ministre de la Santé est intervenue auprès de l’Ordre des médecins.
« Ces selfies offensent la dignité des malades », a tonné Beatrice Lorenzin, ministre de la Santé. Dans une lettre adressée à l'Ordre des médecins italiens, Beatrice Lorenzin a demandé de mettre en place un système de sanction contre les médecins addicts des selfies au nom du respect de la liberté individuelle. La ministre remet aussi en cause, le côté « voyeur » de ces pratiques qui dénaturent l'essence et l'esprit du corps médical. Pour l'heure, l'Ordre des médecins italiens réfléchit tout en se rappelant que les sections régionales de Naples et Salernes saisies en 2015 pour deux affaires de selfie n’ont pas pu intervenir.
La CNIL s'interroge
Les photographies d'une opération avec en premier plan le patient l'abdomen ouvert entouré de chirurgiennes faisant le signe de la victoire avaient fait un véritable buzz sur la Toile. L’absence de normes précises ou d’instruments a empêché l’Ordre des médecins d’adopter des sanctions.
De fait, les règlements hospitaliers en vigueur n'interdisent pas les selfies dans les blocs. En revanche, l'autorité de garantie des libertés individuelles soit l'équivalent italien de la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) s'interroge et consulte sur ses dispositifs. Les selfies montrant parfois le visage du malade pourraient en effet violer les règles italiennes très strictes sur le respect de la liberté individuelle.
Les pressions de la ministre de la Santé et les questions posées par la CNIL italienne pourraient au final inciter l'Ordre à insérer un dispositif anti selfies dans son règlement. L’intervention du ministère de la Santé fait également réagir les associations de défense des droits du malade. Elles songent déjà à saisir la justice pour réclamer des indemnités au nom du respect de la liberté individuelle comme l'a noté la ministre de la Santé italienne.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes