La ministre de la Santé était samedi l’invitée de Laurent Ruquier dans l’émission « On n’est pas couché » (France 2). Pendant près d’une heure, Marisol Touraine a répondu aux critiques sur la politique défendue par le gouvernement en matière de santé. Florilège.
• Convergence tarifaire
Interrogée sur la suppression de la convergence des tarifs public/privé et la faible politique de réduction des dépenses à l’hôpital public, Marisol Touraine a contre-attaqué en expliquant qu’à l’hôpital public, « on ne se dit pas qu’une entorse, ce n’est pas trop compliqué [à soigner] et ça rapporte de l’argent alors qu’une appendicite pour une personne qui est dans la rue, c’est évidemment très coûteux. On ne choisit pas ceux qu’on soigne ». C’est la raison pour laquelle le gouvernement fait le choix de « donner un peu d’argent à l’hôpital parce qu’il fait des tas de choses que les autres ne font pas ».
• Médicaments
Marisol Touraine a rejeté la proposition radicale de l’entrepreneur Charles Beigbeder de ne plus rembourser les médicaments des patients aisés afin de réduire le trou de la Sécu. « Ce n’est pas quelques personnes très riches qui vont résoudre le problème », a tranché la ministre.
• Désertification médicale
« On ne peut pas demander à des jeunes qui finissent leurs études de payer pour toutes les erreurs qui ont pu être accumulées dans le passé ». Marisol Touraine a expliqué qu’à peine diplômés, les jeunes médecins « sortent de l’hôpital où ils ont l’habitude de monter d’un étage pour [obtenir] une radio et de descendre d’un étage [pour récupérer] des examens » et « tout d’un coup, on leur demande d’aller dans un environnement différent ». Rémunération du travail en équipe (prévue dans le PLFSS) et développement des stages en cabinet libéral sont les pistes que la ministre défend.
• Dépassements d’honoraires
Interrogée sur la « faiblesse » de l’accord entre l’assurance-maladie, les complémentaire santé et les syndicats de médecins, la ministre a dit ne pas « connaî[tre] de négociation sans compromis ». Les sanctions pour les médecins, réalité ou « coup de com »? « La Sécurité sociale a des listes de ceux qui dépassent. On ne va pas du jour au lendemain leur dire : c’est fini. On va commencer par leur envoyer une lettre et leur dire que ce serait bien qu’ils deviennent plus vertueux », a précisé Marisol Touraine.
• Salle de shoot
Face à la chroniqueuse Natacha Polony qui, sceptique, souligne que les salles de shoot en Allemagne ont permis de réduire de 20 % les décès mais ont augmenté de 15 % la consommation de drogues, Marisol Touraine sort les gants de boxe. Sur le sujet, pas question « d’avoir un discours angélique, bisounours ». En luttant en parallèle contre le trafic, les salles de shoot contribuent à « moins de contamination sida, moins d’overdose et un certain nombre [de toxicomanes] pourront se soigner ».
• Aide médicale d’État (AME)
Dénonçant la suppression du ticket modérateur de 30 euros pour le bénéfice de l’Aide médicale d’État (AME), Natacha Polony évoque « la frustration dangereuse politiquement pour des gens qui renoncent à des soins » et ne bénéficient pas, eux, de l’AME. « En France, répond Marisol Touraine, quand on voit arriver quelqu’un de malade, on ne se pose pas de question, on ne lui demande pas ses papiers, on le soigne ».
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