Plus de 130 médecins du centre hospitalier William-Morey de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ont lancé fin septembre une lettre ouverte pour dénoncer les « choix politiques et managériaux décidés » par les instances de l'hôpital, source d'une « souffrance globale » dans les couloirs de l'établissement et dans tous les corps de métier.
En cause principalement : les restrictions budgétaires qui affaiblissent le personnel soignant et menacent de détériorer la qualité des soins. Car « sans soignant, point de soins et point de recette ! », alertent les médecins, par ailleurs soutenus par la commission médicale d'établissement (CME). « Plus de création de postes, suppression ou forte diminution des pools de remplacement, non-remplacement des arrêts, suppression du nombre de cadre, suppression des temps de repos ou des RTT », comptent parmi les principaux reproches qui sont faits à la direction.
S’ils se disent conscients qu'il faut faire des « efforts », des « concessions », voire « réorganiser le temps de travail », les médecins mettent en garde contre un « effet de seuil » à ne pas dépasser si l'hôpital veut continuer à offrir des soins de qualité à ses patients. « Moins de soignants et moins de temps soignant engendrent détérioration de la qualité des soins, de la sécurité des soins et allongement de la durée de séjour des patients », peut-on lire dans la lettre.
Un intérim « exaspérant »
Les médecins s'alarment en outre des pénuries que connaissent tous les secteurs et des conséquences qu'elles ont sur les conditions de travail du personnel. Côté médecins, la pénurie, qui touche certaines disciplines « par défaut de candidat mais aussi par des départs en raison des conditions de travail insatisfaisantes ou de projets qui n'aboutissent pas », pousse notamment l'hôpital à recourir à l'intérim médical jugé trop coûteux et « exaspérant » pour le personnel restant. L'utilisation systématique des pools d'aides-soignantes et d'infirmières de remplacement pour pallier les effectifs manquants est aussi mise en cause par les signataires. Surchargées de tâches administratives, elles sont éloignées du « soin au chevet du patient, le seul réellement productif ».
Devant ce constat plus qu'alarmant, les médecins signataires dénoncent « l'hypocrisie » qui consiste à vouloir diminuer le déficit des hôpitaux alors que « constitutionnellement, le législateur organise lui-même le déficit de tous nos hôpitaux de France en diminuant toujours un peu plus la valorisation des séjours et des actes ». Ils veulent faire de cette lettre ouverte un signal d'alarme à destination de l'agence régionale de santé et du ministère afin de faire cesser le « sabotage » de leur établissement.
Sans réponse de leur direction, les personnels (médicaux, paramédicaux et administratifs) de l'hôpital ont décidé, à l'initiative des syndicats, d'envahir un comité technique d'établissement (CTE) afin de solliciter directement l'équipe dirigeante. En vain, témoigne le Dr Julien Vinit, signataire de la lettre : « Pour eux, la logique financière prime toujours sur l'organisation des soins », a-t-il indiqué au « Quotidien ».
En juin déjà, un bras de fer avait opposé la direction et la CME qui réclamait de longue date l'ouverture d'un centre d'angioplastie, provoquant la démission de son président.
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