Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 200 000 cas de fièvre jaune sont recensés annuellement dans les zones endémiques tropicales d’Afrique et d’Amérique latine. Parmi les 15 % de personnes qui entrent dans la phase dite « toxique » de la maladie, 30 000 décèdent chaque année, essentiellement en Afrique (90 % des cas).
Du fait de la baisse de l’immunité des populations, de la déforestation, de l’urbanisation, des mouvements liés à la mondialisation et du changement climatique, le nombre de cas a augmenté depuis 20 ans.
Aujourd’hui, la tendance est loin de s’inverser et la fièvre jaune constitue un risque croissant pour les 900 millions d’habitants des 44 pays endémiques, ainsi que les 3 millions de voyageurs se rendant chaque année dans les zones touchées. Pour répondre à une demande accrue de son vaccin unidose Stamaril, Sanofi Pasteur leader dans ce domaine avec 70 % de parts de marché, a décidé en 2011 d’investir 25 millions d’euros dans le but d’accroître les capacités de son principal site de production mondial située à Val-de-Reuil (Haute-Normandie).
Inaugurée vendredi dernier, la nouvelle unité de production est actuellement en phase d’essai. D’ici à 2016, elle remplacera celle en cours de fonctionnement sur le site normand, permettant à terme de produire à plein régime jusqu’à 100 millions de doses annuelles contre environ 50 millions actuellement. En 2015, Sanofi-Pasteur débutera la production de ses premiers lots commerciaux qui seront ensuite stockés dans l’attente du feu vert de l’ANSM et d’autres autorités de régulation de par le monde.
Prix plafonné pour l’humanitaire
Avec cet investissement, la firme française entend se donner davantage de marge de manœuvre afin de limiter les risques de rupture de stocks de son vaccin unidose comme dernièrement en France entre septembre 2013 et juin 2014. Pour faire face aux épidémies africaines, Sanofi Pasteur fournit déjà chaque année depuis 2003, 6 millions de doses de son vaccin destinées à alimenter le stock de réserve constitué par l’OMS et financé par l’Alliance GAVI.
Le laboratoire est par ailleurs l’un des partenaires clés de l’initiative Fièvre jaune de vaccination préventive conduite par l’OMS et soutenue par l’UNICEF et les gouvernements nationaux des douze pays les plus endémiques situés en Afrique. Pour Olivier Charmeil, président directeur général de Sanofi Pasteur, cet investissement sur le site de Val-de-Reuil « concrétise l’engagement » de sa firme « en faveur de la santé publique mondiale ». Présent lors de cette inauguration, le Dr Seth Berkley, directeur exécutif de l’alliance GAVI a salué la « décision audacieuse » du laboratoire français d’investir ainsi dans la production d’un « vieux vaccin » à la « rentabilité moyenne ». Grâce au succès des « approches partenariales » avec les grandes institutions internationales, le prix négocié de la dose restera plafonné à environ un dollar.
Le coût s’envole pour les voyageurs
C’est surtout au niveau de la médecine du voyage que l’investissement du laboratoire se fera le plus sentir, comme en France où le prix du Stamaril a désormais doublé. Une hausse que dénonce la société de médecine du voyage (SMV) car elle pourrait dissuader certains voyageurs de se faire vacciner dans le cadre de destinations où le vaccin n’est pas obligatoire mais toutefois recommandée pour des raisons épidémiologiques.
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