Depuis 2006, les cotisations moyennes aux complémentaires santé ont bondi de 47 %, passant de 468 euros par personne et par an à 688 euros en 2017, a dénoncé cette semaine l'UFC-Que choisir dans une étude qui s'attache à pointer les « dérives » du secteur. L'association dénonce à la fois un marché « peu lisible » et une « flambée » des frais de gestion jugée non justifiée.
Le manque de transparence des contrats est la première critique. Au total, rappelle l'association, le marché des cotisations représente plus 40 milliards d'euros, une somme considérable dont la compréhension et l'utilisation échappent largement aux usagers. Un sondage IFOP commandé par l'UFC montre ainsi que 37 % d'entre eux jugent les garanties difficiles à lire. Un assuré sur deux assure ne pas savoir à l'avance quel montant lui sera remboursé pour des soins importants non récurrents. Cette forme d'opacité « empêche largement la comparaison », regrette l'UFC. Et peut même conduire à des refus de soins ou à un endettement inattendu.
Cette situation est d'autant plus incompréhensible que l'Union nationale des complémentaires (UNOCAM) avait signé en 2010 une déclaration commune portant engagement « sur la lisibilité des garanties ». Huit ans plus tard, l'UFC entend rappeler les OCAM à leurs engagements. Selon elle en effet, aucun organisme ne respecte intégralement le glossaire prévu pour faciliter la compréhension des contrats. L'étude pointe notamment le manque de clarté dans les taux de remboursements affichés. Pour plus de la moitié des organismes, aucune référence n'indique à quoi se rapportent les pourcentages inscrits dans le tableau de garanties.
Dans ce contexte, l'association invoque un « devoir de loyauté » à l'égard des usagers et dénonce une concurrence faussée par la complexité des contrats.
Des contraintes réglementaires qui n'expliquent pas tout
L'autre « dérive » porte sur la croissance des frais de gestion, qui pèsent pour 21,5 % environ des cotisations dans les contrats individuels. Depuis 2010, ces frais ont progressé de 30 % (contre seulement 15 % pour les prestations remboursées aux assurés sur la même période), disparité que les OCAM justifient principalement par le poids des contraintes réglementaires et fiscales. Un argument que l'UFC rejette en bloc. « Seulement 15 % de la hausse des frais de gestion est liée aux contraintes, et cela n'explique en rien les grandes campagnes de publicité dispendieuses. »
Alors qu'un arrêté de 2012 oblige à communiquer explicitement chaque année le niveau des frais de gestion, la transparence ne serait pas toujours au rendez-vous. Seuls 57 % des 127 contrats analysés affichent clairement cette information.
Au total, les frais de gestion représentent 7,2 milliards d'euros de dépenses en 2016 dont 2,8 milliards d'euros en frais d'acquisition de clients (publicité, marketing).
Sur ces bases, Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir, alerte sur les « graves dysfonctionnements d'un marché malsain » et regrette « la passivité des pouvoirs publics ». Il réclame la standardisation de l'affichage des remboursements (en euros) prévue par la loi Hamon de 2014, ainsi que la publication annuelle d'un indicateur de performance propre à chaque OCAM. Celui-ci, en mettant en avant le taux de redistribution des complémentaires (part des cotisations revenant aux assurés sous forme de prestations), faciliterait la lecture et mettrait fin à une « agitation marketing qui n'a rien de concurrentielle ».
Dr Joëlle Belaïsch-Allart : « S’il faut respecter le non-désir d’enfant, le renoncement à la parentalité doit interpeller »
Visite médicale d’aptitude à la conduite : le permis à vie de nouveau sur la sellette
Le dispositif Mon soutien psy peine à convaincre, la Cnam relance l’offensive com’
Ouverture du procès d’un ancien psychiatre de l’AP-HM jugé pour viols et agressions sexuelles sur quatre patientes