LES MÉDECINS limougeauds ont participé à la campagne de vaccination contre le méningocoque C menée en 2007 en raison d’un pic épidémique dans la région. Comme le souligne le Pr Denis, cette bouffée épidémique en Haute-Vienne venait à la suite de plusieurs autres dans des régions différentes, notamment à Clermont-Ferrand et dans le Sud-Ouest. Ce sont d’ailleurs ces alertes certes localisées mais répétées qui ont amené les autorités sanitaires à recommander la généralisation de la vaccination. Plusieurs autres raisons les y ont poussés, précise le Pr Denis. D’abord le fait que la France ait l’un des taux les plus élevés d’incidence des infections invasives à méningocoque C, ce qui s’explique par la mise en place de la vaccination chez nos voisins européens depuis déjà plusieurs années. Une vaccination qui s’est avérée très efficace. Au Royaume-Uni par exemple, la couverture vaccinale a rapidement atteint plus de 90 % chez les nourrissons et 85 % environ pour le rattrapage jusqu’à 18 ans, puis jusqu’à 25 ans. Le nombre de cas d’IIM C a baissé de 90 % dans la population générale. Et les jeunes nourrissons de moins de 3 mois en ont largement profité : il n’y a pratiquement plus d’IIM C dans cette tranche d’âge au Royaume-Uni. Aux Pays-Bas, où les autorités sanitaires ont choisi de vacciner les enfants à 14 mois par une seule dose de vaccin antiméningococcique conjugué, avec un rattrapage jusqu’à 18 ans, le taux de couverture vaccinale a atteint 94 % et l’incidence des IIM C a diminué de 99 %. Ces expériences illustrent aussi l’effet « troupeau » obtenu par les vaccins conjugués, autrement dit la protection conférée aux non vaccinés, à condition d’avoir une très bonne couverture vaccinale, précise le Pr Denis.
Le développement d’un clone particulièrement virulent.
Autre raison ayant motivé la recommandation du Comité technique des vaccinations (CTV) : l’évolution préoccupante de la gravité des infections à méningocoque C, alors que l’on observait un purpura fulminans dans 23 % des cas en 2002, ce taux est passé à 39 % en 2008. En cause l’émergence d’un nouveau clone particulièrement virulent, le ST11. Or on sait que la mortalité et les séquelles sont particulièrement élevées en cas de purpura. Le taux de décès atteint 39 % pour le C, 24 % pour le B. Globalement, les infections à méningocoque B sont moins graves, souligne le Pr Denis, mais elles restent plus fréquentes. Malheureusement, pour le moment, les tentatives pour mettre au point un vaccin contre le méningocoque B ont échoué, mais les recherches se poursuivent. En attendant, nous disposons de vaccins antiméningocoque C conjugués efficaces et bien tolérés. Il convient donc de mettre en œuvre le plus rapidement possible la recommandation du calendrier vaccinal 2010, à savoir la vaccination de tous les enfants entre un et deux ans et un rattrapage pour les jeunes jusqu’à 24 ans révolus. Le schéma est simple, puisqu’il repose sur une seule injection. Le choix de cette tranche d’âge n’est bien entendu pas le fruit du hasard : elle repose sur les données épidémiologiques qui montrent que les jeunes enfants de 0 à 4 ans et les jeunes adultes de 15 à 24 ans sont les plus vulnérables (voir tableau). La protection des plus petits, les nourrissons de moins d’un an devrait être assurée par l’effet « troupeau » obtenu, comme on l’a vu, dans les pays où la couverture vaccinale est élevée. C’est pourquoi les experts insistent sur la nécessité de vacciner rapidement tous les jeunes à l’occasion des visites systématiques, des autres vaccinations (le vaccin antiméningoccique C conjugué peut être administré avec les autres vaccins, en un site d’injection différent), des consultations pour des certificats d’aptitude au sport… Rappelons que, pour être efficace chez les nourrissons avant l’âge d’un an, il faut trois injections à un mois d’intervalle et un rappel dans la deuxième année de vie, raison pour laquelle, compte tenu du grand nombre de vaccins recommandés au cours de la première année de vie, le CTV n’a pas recommandé de vacciner les plus jeunes, précise le Pr Denis.
(1) Réunion organisée avec le soutien institutionnel des laboratoires Pfizer
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