L’initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite a relevé une augmentation des cas en 2013, 347 au 27 novembre 2013 contre 202 à la même période en 2012. La majorité des cas de 2013 proviennent de zones où la maladie n’était pas présente en 2012 comme la Somalie et la Syrie, qui ont connu leurs premiers cas de poliomyélites paralytiques, ou Israël qui a enregistré des transmissions de poliovirus de type sauvage.
« Le problème », explique Francis Delpeyroux, « c’est de parvenir à maintenir la couverture vaccinale dans des pays en voie de développement, même après la disparition de la maladie. Les risques de réapparition sont importants mais faire disparaître la poliomyélite est bien plus simple dans ces pays que dans les trois derniers états ou le poliovirus n’a jamais été inquiété : l’Afghanistan, le Pakistan et le Nigeria ».
Des conditions réunies pour une transmission à l’Europe
La poliomyélite est officiellement éradiquée en Europe depuis 2002. Sa redécouverte dans l’environnement en Israël et surtout les cas observés en Syrie font craindre à l’ECDC sa réapparition sur le vieux continent à cause de l’important flux de migrants venant visiter leurs familles en Israël et de réfugiés syriens pourrait constituer un vecteur de la propagation de l’entérobactérie. « Il y a des pays fragiles comme la Bulgarie ou la Roumanie dont la couverture vaccinale n’est pas uniforme » estime Francis Depeyroux « mais la vaccination pratiquée en Europe nous protège bien contre le type 1 retrouvé en Syrie et le type sauvage retrouvé en Israël ». Une réunion d’experts a donc été convoquée en novembre pour émettre plusieurs recommandations.
Dans son évaluation des risques, l’OCDC demande que les pays membres de l’Union Européenne réclament à tous les voyageurs se rendant dans les zones à risque d’être à jours de leurs vaccins, de même que les travailleurs humanitaires opérant dans ces zones.
La recherche des virus dans l’environnement, le prochain "Gold Standard" ?
Ils estiment que la surveillance de l’apparition de paralysies flasques aiguës est considérée comme le « gold standard » en matière de surveillance de la poliomyélite, mais que les pays dans lesquels on retrouve des poches d’individus non vaccinés devraient compléter cette approche par une recherche des entérovirus dans l’environnement. Une telle détection environnementale ne dispose pour le moment pas de recommandation au niveau européen. « L’investigation des cas de paralysies flasques aiguës est un moyen de détection grossier, reconnaît Francis Delpeyroux, car pour un malade détecté, il y a 1 000 porteurs sains ». Une détection plus fine passe par la recherche dans l’environnement, comme celle qui a permis de détecter en Israël la présence de poliovirus de type sauvage avant qu’il n’y ait un seul malade. Les autorités israéliennes ont ainsi pu lancer une nouvelle campagne de vaccination orale afin d’éliminer le virus des tractus digestifs, et empêcher sa circulation. « En France, mener de telles recherches environnementales dans des villes clés comme Marseille serait une bonne idée », estime Francis Delpeyroux.
Depuis le lancement de l’initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite en 1988 par l’OMS, les poliovirus de type 2 ont été totalement éliminés, et l’on n’a pas détecté de poliovirus de type 3 depuis plus d’un an. Seuls restent les types sauvages et les poliovirus de type 1 comme celui retrouvé en Syrie.
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