C’EST UNE RÉUNION publique organisée par les services départementaux de Seine-Saint-Denis au collège Louise Michel de Clichy-sous-Bois qui a allumé la mèche. Il s’agissait d’informer les familles qu’un dépistage de la tuberculose allait être organisé début mars chez tous les collégiens et les adultes de l’établissement. L’annonce de cette campagne de dépistage, la deuxième mise en place par le service de la prévention et de l’action sanitaire après la détection au mois de novembre d’une tuberculose chez un enseignant du collège, a aussitôt provoqué la réaction des élus locaux. Ludovic Toro, conseiller général et président du groupe UMP au conseil général, lui-même médecin, déclarait dans un communiqué : « Nous devons faire le maximum pour diminuer l’incidence de cette maladie en Seine-Saint-Denis, qui se maintient à un taux beaucoup trop élevé. La vaccination obligatoire chez le nourrisson et l’enfant peut être un moyen d’y parvenir », expliquait-t-il. Évoquant la levée de l’obligation vaccinale par le BCG en juin 2007, il estime que le maintien d’une forte recommandation, notamment chez les enfants en Ile-de-France, ne suffit pas. Son message : « Une vaccination obligatoire pour les enfants et les nourrissons ! »
Couverture vaccinale de 93 %.
Le président PS du conseil général, Claude Bartolone, juge, pour sa part, dans un courrier adressé à Roselyne Bachelot, que « les recommandations pour la vaccination par le BCG concernent aujourd’hui les enfants les plus exposés au risque d’infection et (que) la vigilance la plus grande s’impose pour que ces enfants-là soient effectivement et correctement vaccinés ». Il souligne aussi que la couverture vaccinale par le BCG, étudiée à partir des certificats de santé des 9 e et 24 e mois, reste relativement satisfaisante (93 % à un an). Toutefois, précise-t-il, « une analyse temporelle des trois dernières années laisse entrevoir une tendance à la baisse qu’il ne faut pas laisser s’installer sous peine d’une résurgence de cas pédiatriques graves et d’aggravation de l’épidémie dans une population déjà durement marquée par la précarité et les inégalités de santé ». L’élu PS mentionne également les données publiées par l’Institut de veille sanitaire de mars 2009 indiquant une baisse de la couverture vaccinale (BEH n°12-13 du 24 mars 2009). « J’estime indispensable de renouveler et de renforcer le message auprès des professionnels de santé par une campagne de communication efficace et précise sur l’utilité de la vaccination par le BCG », conclut-il.
Interrogé par « le Quotidien », le Dr Christophe Debeugny, médecin de santé publique, chef de service de la prévention et de l’action sanitaire du Conseil général, souligne que l’épisode de Clichy-Sous-Bois n’a rien de particulier : « Nous avons eu cinq épisodes de ce type l’année dernière et nous recevons 2 à 3 signalements par jour ouvré dans le département. » Mais, reconnaît-il « un dépistage de cette ampleur peut inquiéter les élèves, les parents d’élèves ou les élus et c’est ce qui s’est sans doute passé à Clichy-sous-Bois ».
Lorsqu’une tuberculose est signalée, ses services mettent en uvre le protocole prévu dans le cadre du programme national de lutte contre la tuberculose. Après une enquête destinée à retrouver les personnes qui ont été en contact avec le cas index « pendant 8 heures en cumulé sur les trois derniers mois », les modalités du dépistage sont définies, en consultation ambulatoire ou, s’il s’agit d’une collectivité, au moyen d’un camion où sont pratiqués les radiographies et les tubertest. « C’est ce que nous avons fait à Clichy-sous-Bois fin janvier-début février. Au terme de ce premier dépistage réalisé chez 200 personnes, nous avons découvert 2 cas de tuberculose maladie et 43 infections tuberculeuses latentes », indique le Dr Debeugny. Au vu de ces résultats, « nous avons décidé d’élargir le dépistage à l’ensemble de l’établissement », poursuit-il. La deuxième série de dépistage aura lieu les 9, 12 et 15 et 18 mars, la dernière journée étant consacrée à la lecture des Tubertests. Quelque 550 personnes supplémentaires vont être ainsi dépistées.
Vigilance.
Quant au problème de la vaccination, s’il convient, selon lui, de rester vigilant quant à la baisse observée de la couverture vaccinale (de 97 à 93 %), il convient aussi d’être attentifs aux signes évocateurs de tuberculose : « La vaccination n’est pas tout. La tuberculose n’a pas disparu de Seine-Saint-Denis. Si l’on veut réduire l’endémie tuberculeuse dans le département, les médecins doivent continuer à y penser chez les personnes qui présentent des symptômes et qui n’ont pas été vaccinées ou qui ont des symptômes malgré la vaccination ». Par ailleurs, « on sait que la tuberculose recule aussi avec l’amélioration des conditions de vie socio-économiques. La Seine-Saint-Denis est l’un des départements pour lesquels il existe un certain nombre d’inégalités sociales de santé. C’est aussi un département qui connaît de des problèmes importants de démographie médicale des professionnels de santé. La tuberculose est, je crois, l’expression d’inégalités sociales et territoriales de santé », conclut-il.
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