Le Medef ne s’était pas exprimé sur la santé depuis longtemps. Au moment où ce sujet revient au premier plan (stratégie nationale de santé, plan d’économies de 10 milliards d’euros pour l’assurance-maladie), les entreprises envoient un signal fort au gouvernement.
Dévoilée lors de la 1re rencontre des entreprises de santé, organisée à Paris en présence de nombreux experts et industriels, la contribution « santé » du Medef préconise un « programme pluriannuel de réformes structurelles » du système de soins conjuguant « efficience, innovation et responsabilité ». L’hôpital serait recentré sur les « cas lourds et complexes et les urgences avérées ». La médecine de ville, elle, serait « mieux structurée et coordonnée », en écho aux objectifs du gouvernement. Le Medef parie que, grâce aux gains de productivité et d’efficience, 15 à 20 milliards d’euros par an pourraient être économisés à l’horizon 2017 dans le champ de l’assurance-maladie, sous réserve de renforcer aussi la gouvernance du système.
Diminuer le nombre de lits
La seule réduction des capacités hospitalières publiques au profit d’une offre de premier recours plus lisible (rééquilibrage hôpital/ville) présente un potentiel de 7 à 10 milliards d’euros d’économies par an, selon le Medef. « Il conviendrait de nouer un pacte de confiance avec les acteurs hospitaliers (...) qui bénéficieraient en retour d’une partie des gains réalisés », précise la contribution. Au menu : développement massif de la prise en charge ambulatoire, réduction des surcapacités hospitalières (nombre de lits en soins aigus), réorganisation des urgences, multiplication des maisons de santé, réforme du réseau officinal des 22 000 pharmacies...
Parallèlement, le Medef juge que des marges d’efficience doivent être mobilisées (2 à 3 milliards d’euros ) dans le fonctionnement même et la gestion des hôpitaux (écart de productivité avec le privé, disparités des tarifs MCO...). Le Medef défend l’idée d’une « autonomie plus forte des hôpitaux » et d’un intéressement des gestionnaires et des équipes médico-administratives aux résultats. Le patronat met l’accent sur les projets performance assorti d’objectifs (achats, gestion des lits, factures...), la consolidation de la T2A, l’équité de traitement public/privé ou encore la simplification administrative.
En ville, la construction d’une médecine de parcours est plébiscitée, à condition de l’adosser à des « systèmes d’information modernes et interopérables » et à des nouvelles tarifications à la pathologie. Pour les patients les plus complexes, le Medef envisage la création de « gestionnaires de cas » assurant la coordination des professionnels et régulant les interventions. Les outils de maîtrise médicalisée doivent être renforcés et étendus aux prescripteurs hospitaliers (biologie, radiologie...), plaide le Medef.
Les patients, eux, seraient incités (via le remboursement) au strict respect des protocoles ou des parcours les plus efficients. Le régime des ALD serait géré de façon « plus dynamique ». Autre piste : un ticket modérateur d’ordre public (non remboursé ni par la CNAM, ni par les complémentaires) par acte et/ou par parcours de soins. Quant au tiers payant généralisé, les patrons y voient un « très mauvais signal »...
Panier de soins recentré
Le Medef ne se contente pas d’examiner l’efficience du système de santé. À moyen terme, le patronat défend une architecture de financement « compatible avec les exigences de compétitivité », en distinguant mieux ce qui relève de la solidarité, de la mutualisation et de la responsabilité individuelle. Écartant « le modèle étatique » (honni)mais aussi, faute de débat, « le modèle concurrentiel qui mérite un intérêt », le Medef prône un schéma « réaliste », prévoyant tout de même une diminution de 10 milliards d’euros de l’assurance-maladie obligatoire (transférés vers les complémentaires où l’effort individuel). Le panier de soins couvert par la solidarité nationale serait recentré sur les soins et services essentiels. Cette proposition se traduirait par une baisse parallèle des cotisations maladie.
En tout (mesures d’efficience et de financement), avance le Medef, c’est donc une réforme globale qui pourrait procurer une baisse de 25 à 30 milliards d’euros des dépenses d’assurance-maladie obligatoire. Sans diminuer la qualité des soins ?
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