LE 25 AVRIL 2009, l’OMS faisait état de centaines de personnes touchées par la grippe H1N1 au Mexique et mettait en garde contre le « potentiel pandémique » du nouveau virus. Un an après, face aux virulentes critiques contre sa gestion de la pandémie, déclarée en juin, l’organisation a constitué un comité d’experts pour, selon les termes de sa directrice générale Margaret Chan, « une évaluation franche, critique, transparente, crédible et indépendante de notre performance ».
Les 29 experts (spécialistes des maladies infectieuses ou de santé publique) de 28 pays sont réunis jusqu’à aujourd’hui à Genève en présence de représentants des 193 pays membres de l’OMS et d’ONG. Ils doivent rendre un premier rapport intérimaire d’ici au mois de mai (pour une présentation par le Dr Chang à l’Assemblée mondiale de la santé en mai) puis leurs conclusions en janvier 2011. Le comité est présidé par le Pr Harvey Fineberg (président de l’Institute of Medicine, Washington).
La difficulté d’évaluer la virulence d’une maladie contagieuse en termes de mortalité et non seulement selon sa répartition géographique a été soulignée dès l’ouverture des travaux. La déclaration de pandémie, fondée en l’occurrence sur la progression rapide de la nouvelle grippe, entraîne en effet, en vertu du règlement sanitaire international élaboré à la suite de l’épisode de grippe aviaire H5N1, au taux de décès supérieur à 60 %, une batterie de mesures, dont la recommandation d’une vaccination à grande échelle de la population.
Or, la grippe A(H1N1)v a fait beaucoup moins de morts (17 700 décès confirmés en laboratoire dans le monde, 312 en France au 6 avril) que la grippe saisonnière, qui tue entre 250 000 et 500 000 personnes chaque année.
« Nous nous attendions à ce que (cette grippe) soit beaucoup plus grave », a souligné l’un des experts, le Pr John Mackenzie (spécialiste des maladies infectieuses tropicales, Asutralie). La virulence est d’autant plus difficile à évaluer que « de nombreux pays n’ont pas la capacité de déterminer de façon fiable la gravité (en termes de mortalité) du virus », a ajouté un autre membre du comité d’experts, le Dr Martin Cetron (Centre de contrôle et de prévention des maladies d’Atlanta).
Même si « le monde était plus préparé que jamais », la réponse internationale n’a pas été tout à fait satisfaisante, a cependant reconnu le conseiller spécial de l’OMS sur les grippes pandémiques Keiji Fukuda ; il y a eu « de la confusion » dans la communication et la gestion du phénomène n’a pas été assez souple.
Le soutien des infectiologues
Les spécialistes présents à Vienne jusqu’à mardi pour le Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID) ont aussi répondu à ceux qui estiment que la réponse à la pandémie grippale a été disproportionnée : « Il aurait été irresponsable de ne pas nous préparer ainsi que nous l’avons fait. De telles pandémies ne suivent pas des schémas connus et chacune est différente », a souligné le Pr Javier Garau, président de la société organisatrice du congrès (ESCMID). Pour le Pr Giuseppe Cornaglia, ancien président de l’ESCMID, qui s’inquiète de l’audience grandissante du lobby antivaccination en Europe et aux États-Unis, « le rapport risque-bénéfice est clairement en faveur du vaccin et personne ne peut se permettre d’être complaisant ou sceptique en la matière ». Près de 300 millions de personnes ont été vaccinées dans le monde.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes