Depuis quelques années, les signaux avant-coureurs de notre incapacité nationale à nous adapter aux nouvelles donnes de l'économie et de la politique ont été suffisamment nombreux pour que nos gouvernants, de droite ou de gauche, nous proposent une autre façon de gérer le pays. Il n'en a rien été et, aujourd'hui, la gauche encore au pouvoir s'aperçoit qu'elle est assez disqualifiée pour devoir renoncer au prochain mandat présidentiel. Benoît Hamon, avec son projet mythologique de revenu universel (et soutenu par Martine Aubry) a présenté une candidature de témoignage. Manuel Valls, de son côté, ne croit pas qu'il sera élu président, et tente, avec l'énergie du désespoir, d'obtenir la direction du PS dans la perspective lointaine d'un retour au pouvoir qu'il souhaite préparer en refondant le parti. De ce point de vue, la primaire de la gauche n'aura servi qu'à perdre du temps.
La quadrilogie qui mène le bal
La succession de votes impies qui ont déjà perturbé le monde, du Brexit à l'élection de Trump, peut inciter les électeurs de gauche à choisir dimanche ce candidat très exotique qu'est M. Hamon, même si les convictions de celui-ci sont plus sincères que celles des démagogues. Ce qui pourrait mettre un terme à la carrière de Manuel Valls mais, au fond, ne changerait rien à la dislocation du PS ni à la quadrilogie qui mène le bal, Fillon, Le Pen, Macron et Mélenchon. On ne saurait dire lequel de ces quatre candidats à la présidence est le plus dangereux pour la gauche, mais si par hasard M. Macron finissait par s'imposer dans les urnes ou même faisait un score honorable, on devine bien ce qui se passera alors : son parti ou plutôt la masse des Français qui, venus de tous les horizons, ont trouvé en lui un point de ralliement, remplacera le PS. Et comme on ne refuse rien, en période de détresse, à celui qui brandit le flambeau, En marche ! remplacera aussi les prophètes d'une générosité insolvable, les défenseurs élégiaques de l'environnement et tant d'autres qui n'ont jamais su additionner leurs idées et se contentent depuis des lustres de les jeter en pâture au public sans jamais passer à l'acte.
Il n'y a aucune raison de s'en réjouir, car le parti socialiste, nul en économie, a toujours été soucieux de la protection des libertés et des progrès de la société. En France aussi, derrière les candidatures, se forment des groupes qui veulent imposer à tous les autres leurs conceptions religieuses, leurs codes de vertu, et réduire les libertés individuelles, exactement comme l'élection de Trump est ressentie par nombre d'Américains comme une atteinte aux droits civiques et une régression morale. L'extrême droite couve sa brutalité normatrice, l'extrême gauche nous dépouillera. Curieusement, c'est encore le jeune Macron qui semble pouvoir réaliser cette synthèse entre un projet économique qui rendrait espoir aux travailleurs, ceux-là même à qui M. Hamon jure que le travail disparaît, et un projet européen protégeant les libertés acquises. L'ancien ministre de l'Economie est-il préparé pour autant à la tension internationale, saura-t-il renforcer l'axe franco-allemand dans une Europe contrainte de se défendre contre les visées de Poutine et les méchancetés gratuites de Trump ? On n'en sait rien.
Pendant ce temps, François Hollande se promenait en Chine et en Colombie. Il n'a pas besoin de rappeler à M. Valls qu'il n'a que ce qu'il mérite et aux autres qu'ils l'ont abreuvé d'injures inutilement puisque, à l'expérience, ils ont tous prouvé qu'ils n'ont même pas sa stature.
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